PISTE NOIRE – FRANCE 2 : CONSTANCE LABBÉ, UNE GENDARME ATTACHIANTE (INTERVIEW)

Dans Piste Noire, Constance Labbé incarne Émilie Karras, une jeune gendarme de la SR de Lyon, dépêchée à la station des Clairies dont elle est originaire, pour résoudre la mort d’un saisonnier brûlé vif dans sa caravane. La star de la série Balthazar détonne dans ce rôle et séduit par son franc-parler, son autorité naturelle, son humour décapant et ses failles intimistes. Un côté attachiante qui nous charme, autant qu’il irrite (dans le bon sens du terme).

Constance Labbé se confie sur ce nouveau personnage, son travail avec le réalisateur Fred Grivois et son duo avec Thibault de Montalembert qui campe le rôle du Major Loïc Servoz, gendarme local et désabusé.

Synopsis :
Dans les Alpes, la station des Clairies fête la victoire de son champion de descente, Boris Arnoux, enfant chéri du pays. La fête bat son plein lorsqu’un incendie se déclare plus bas dans la vallée, dans un campement de fortune. Une caravane brûle en enfermant dans ses flammes un saisonnier mal logé.

Cet « accident » est le point de départ d’une enquête menée par Émilie Karras une jeune gendarme de Lyon, originaire des Clairies où elle a grandi mais qu’elle a aussi quitté il y a 12 ans pour se sauver elle-même. Elle est contrainte de rester et de collaborer avec le Major Servoz, un gendarme local et désabusé. Ils vont découvrir les méandres et les faux-semblants de cette station phagocytée par un projet immobilier luxueux qui divise les gens autant qu’il dévisage la montagne.

« Tout m’amuse. C’est ça le bonheur du métier de comédien, nous avons accès à plein de choses différentes »

Une préparation physique et émotionnelle

Pour un comédien ou une comédienne, accepter un rôle est avant tout une question de choix artistiques, une envie de défendre un personnage et son histoire, les challenges qu’un tournage leur offrira mais aussi des rencontres ou des coups de cœur pour un artiste, un réalisateur. Pour Constance Labbé, il y a tout ça à la fois. Un désir de collaborer avec le metteur en scène Fred Grivois, dont elle admire « la manière originale de filmer et la liberté qu’il s’octroie » – assez unique aujourd’hui comme elle le précise – et « sa façon de diriger les acteurs ».

Au-delà du thriller, Piste Noire est aussi une histoire familiale, entre trahisons et secrets, à laquelle Émilie est confrontée, une histoire de couple et tous les soucis personnels qu’elle engendre, le divorce et la garde partagée d’un enfant, ou encore la naissance d’une idylle. Tous ces aspects constituent des attaches émotionnelles fortes autour du personnage d’Émilie, et autant d’éléments que Constance Labbé a aimé à la lecture du scénario. Comme sa personnalité, « une femme moderne, qui s’assume » ainsi que sa trajectoire « une femme blessée qui doit se confronter à son passé en revenant dans son village d’origine » qui l’ont également conquise. Héroïne homosexuelle, chose encore plutôt rare en prime time sur une grande chaîne de télévision, Constance Labbé en tire une certaine satisfaction.

Néanmoins, Piste Noire ne l’aborde pas comme un thème singulier et « c’est peut-être ça la modernité. Le fait que ce n’est jamais un sujet. C’est cela aussi que j’avais envie de défendre, ça fait partie de cette femme mais ce n’est pas ça dont on parle, ce n’est pas ce qui nous intéresse le plus » conclut la comédienne.

Ce n’est pas la première fois que Constance Labbé interprète une policière pour la télévision. Dans Balthazar, elle y joue le Capitaine Costes depuis la saison 4. Pour être la plus crédible possible, à chaque fois, l’actrice a suivi des stages en immersion au côté d’une femme lieutenant et a notamment reçu des cours de tenue d’armes à feu. À l’image de son personnage d’Émilie Karras : « il faut se défendre et s’imposer car cest un travail très masculin ».

Il y a aussi la préparation physique. Pour son rôle dans Piste Noire, Constance Labbé a intensifié sa pratique du sport, dont celle des sports de combat afin d’avoir « une approche physique ». Elle confie d’ailleurs n’avoir au recours à aucune doublure sur le tournage pour les affrontements à mains nues : « Je ne souhaitais pas être doublée. Donc, j’ai répété deux mois en amont avec les régleurs cascades. C’était apprendre une chorégraphie de danse. Ce sont des mouvements précis, parfaitement coordonnés, pour que ça ait l’air vrai. Il faut être rigoureux. C’est passionnant ». En interview, la comédienne ne cache pas son envie d’être au cœur d’une série ou d’un film 100 % action : « Oui, ça serait génial. Ça et plein d’autres choses par ailleurs. Tout m’amuse. C’est ça le bonheur du métier de comédien, nous avons accès à plein de choses différentes ».

Sur le travail du personnage, Constance Labbé s’est faite aider par le coach en acting Bertrand Combes : « Nous avons travaillé ensemble toutes mes scènes, la trajectoire d’Émilie, son passé, pour la nourrir et la charger émotionnellement ». Un travail qu’elle a poursuivi en parallèle avec le réalisateur Fred Grivois : « Nous avons fait le travail classique, mais qui n’est pas toujours fait, à savoir lecture du script, échanger sur les personnages, et des répétitions la veille des tournages ».

« C’est ça qui est beau dans la vie, les rapports qui se font pas à pas, doucement mais profondément »

Un duo caustique avec Thibault de Montalembert

En arrivant aux Clairies, Émilie fait la connaissance du Major Loïc Servoz, un gendarme local avec qui elle fera équipe. Très vite, les deux forment un duo tendre, où les vannes et les reproches fusent. Émilie, avec son côté franc et sans langue de bois, donne du fil à retordre au Major, lui qui n’a pas l’habitude de se faire brusquer. Une relation comme chien et chat, l’une des grandes forces de la série, que Constance Labbé décrit ainsi :

« Émilie et Loïc sont très différents mais ils sont tous les deux blessés par la vie. Ils ont du mal à faire confiance et à s’ouvrir aux autres. Dès le début, ça crée une distance et une méfiance. Malgré cette ressemblance, ils restent différents sur l’approche de leur métier, par exemple. Toutefois, je pense qu’Émilie s’attache beaucoup à lui parce qu’elle sent cette blessure et, Servoz, voit ce qu’il a été à travers Émilie : la jeunesse, la fougue et l’implication qu’il mettait dans son travail. Ce qu’il a lâché, en somme. Ils se reconnaissent l’un dans l’autre, sans le dire car ils sont tellement pudiques. C’est ça que je trouvais passionnant dans le travail avec Thibault. Nous voulions montrer tout ça de façon subtile. C’est ça qui est beau dans la vie, les rapports qui se font pas à pas, doucement mais profondément ».

En amont, le travail semble avoir été facile pour construire cette relation singulière, à la fois incisive et délicatement émouvante : « Cela nous a demandé beaucoup de travail, mais ce fut assez simple de créer ce duo dans la mesure où Thibault est à la fois un comédien superbe et un camarade magnifique. C’est un bosseur. Nous avions ensemble la volonté de travailler notre relation et ce rapport pour qu’à l’écran, il soit intéressant. […] Nous avons aussi pas mal improvisé pour rajouter de la vie à ce duo, que ce soit vivant. Puis, nous avons passé 3 mois à la montagne ensemble. Ça nous a rapproché ».

« Sur le tournage, la montagne était une partenaire de jeu avec laquelle je devais composer »

Un tournage éprouvant et un message écologique

Le tournage de Piste Noire a eu lieu dans les Alpes, plus précisément à Morzine. Pour Constance Labbé, les prises de vues de Piste Noire ont été difficiles en raison des conditions extrêmes qu’impose cet environnement. Morzine étant un village sous Avoriaz, il y a peu de soleil et beaucoup de vent, ce qui ajoutait aux difficultés :

« La vallée est engoncée entre deux montagnes, donc il fait très froid. Ça nous apprend la patience. Piste Noire fait partie des tournages les plus durs physiquement que j’ai réalisés jusqu’à présent. Tout cela crée néanmoins une cohésion avec l’équipe. Tout le monde est logé à la même enseigne. On doit se serrer les coudes. On s’aide tous. Parfois, avec le froid, la mâchoire se bloque et nous ne parvenons plus à parler. L’ingénieur du son m’apportait une boisson chaude. Ce n’est pas pour rien que les habitants ici, dégage une chaleur humaine ».

À la réalisation, la montagne prend une place importante. Elle est un personnage à part entière. Un constat que partage Constance Labbé : « Elle est vraiment présente. Sur le tournage, c’était une partenaire de jeu avec laquelle je devais composer. Jai adoré que Fred choisisse autant de la montrer, la filmer. Elle a ses propres scènes ».

Si le village de Morzine a été choisi pour poser les caméras de Piste Noire, ce n’est pas sans raison. Dans le téléfilm, Morzine, village savoyard devenu une station de ski, fait face au réchauffement climatique. En effet, elle est confrontée au problème du manque de neige. Des entrepreneurs sans scrupules cherchent alors à investir en altitude, à Avoriaz. Derrière les affaires de mafieux, de corruptions et les magnats de l’immobilier véreux, se cache donc aussi une réalité écologique que soulève Piste Noire.

Et si ce n’est pas le sujet principal de la série « cest une façon de toucher les gens qui sont sceptiques. C’est intelligent de le traiter de cette manière » affirme Constance Labbé. Eux-mêmes ont pu constater et ressentir les effets du réchauffement climatique : « Quand nous sommes arrivés début décembre, il n’y avait toujours pas de neige. C’est vrai que c’était bizarre de constater que nous étions en montagne, et qu’il n’y avait pas de neige. C’est là qu’on se dit que la planète ne va pas bien. Nous avons eu de la chance car la veille du tournage de séquences très importantes où il devait y avoir de la neige partout, il s’est mis à neiger. Actuellement, je sais qu’ils n’ont pas de neige. C’est flippant et dramatique ».

Vous pouvez retrouver mon interview avec le réalisateur Fred Grivois, ici.

Les deux premiers épisodes de Piste Noire seront diffusés ce 23 janvier, sur France 2.

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