AMORE MIO : LA FUITE EN AVANT D’UNE HÉROÏNE ENDEUILLÉE

Le premier film de Guillaume Gouix, Amore Mio, nous plonge dans la tristesse du deuil. Un thème qui permet au réalisateur de mettre en lumière toute la beauté des relations humaines mais aussi toutes sa complexité, à travers les regrets intimes et les espoirs naissants.

Survivre au deuil

Lola (Alysson Paradis) vient de perdre brutalement l’homme de sa vie, Raphaël (Félix Maritaud). Alors qu’elle se rend en voiture à son enterrement, accompagnée de sa sœur Margaux (Elodie Bouchez) et de son fils Gaspard (Viggo Ferreira-Redier), elle décide de fuir. Ensemble, ils traversent la France jusqu’en Italie.
À chaque deuil que nous traversons, l’enterrement est certainement le passage le plus douloureux. Un passage obligé pour dire au revoir à l’être aimé. Mais combien de fois avons-nous eu envie d’esquiver, de rebrousser chemin ? Parfois, la solitude est la seule chose que l’on souhaite réellement et affronter le regard des gens, de la famille, des amis, devient alors une véritable épreuve à surmonter. Guillaume Gouix offre à son héroïne un échappatoire à ce dilemme. Lola refuse de faire ses adieux à son fiancé et prend la route. Un moyen de survivre, pense-t-elle. Car bien que nécessaire, ce départ vers l’inconnu est une fuite en avant. Le deuil la rattrape, où qu’elle soit. Dans la campagne la plus reculée, dans les villes les plus bruyantes ou en Sardaigne, rien n’étouffe le cri de la douleur. Et Lola s’effondre. Entre deux fous rires, entre deux fêtes, la peine revient comme un boomerang. C’est d’ailleurs le charme d’Amore Mio, ses respirations. Guillaume Gouix n’hésite jamais à libérer le spectateur de la souffrance, et à accorder des instants cathartiques extrêmement rafraîchissants. Le rire est l’une des armes les plus précieuses contre les peines. Le réalisateur l’a compris et le met en scène en toute simplicité, avec une caméra profondément respectueuse de ces moments privilégiés. Même lorsque Lola pleure, Guillaume Gouix respecte cette intimité. Il n’y a jamais d’intrusion, ni de faux semblants dans le jeu de ces superbes actrices.

Alysson Paradis est d’un naturel confondant. Les regards d’Alysson, intenses et attachants, sont à la fois captés dans une splendeur déchirante par l’œil de Guillaume Gouix, et dévoile une fragilité, une colère, un amour pour son enfant, avec une authenticité rare. Avec ce rôle, Alysson Paradis règne au sommet et marquera un tournant décisif pour la suite de sa carrière.

Elodie Bouchez n’est pas en reste, par la pureté de son interprétation, entre excès et tendresse. Elle forme ainsi un duo piquant avec Alysson, dans cette histoire où deux sœurs doivent également apprendre à s’écouter, à s’aimer de nouveau.

Une histoire de famille

Ce road-trip nécessaire et rétrospectif est aussi un récit familial. Car au-delà du deuil, Amore Mio est un film sur la réconciliation. La réconciliation avec soi-même – qui amène à l’acceptation de la mort – ainsi que la réconciliation entre deux sœurs que tout oppose. Deux visions du monde, deux façons de vivre différentes qui se confrontent. Les coups de colère, les coups de sang, vont amener les deux sœurs à faire exploser les non-dits, à dévoiler les reproches qu’elles se font l’une envers l’autre. Se parler, se confier, crier, pour prendre un nouveau chemin vers la vie. Puisque c’est de ça dont il s’agit, prendre un nouveau départ, une nouvelle route, retrouver de la chaleur humaine. Avec soi, avec la famille et, pour Lola, avec son fils. Si elle regrettera de ne pas avoir dit au revoir à son compagnon lors de ses funérailles, elle pourra trouver la paix avec cette nouvelle famille qui se construit sous ses yeux…

Conclusion

Guillaume Gouix signe un premier film émouvant, optimiste, solaire, où toutes les émotions sont sublimées par des actrices d’une adresse et d’une détermination qui enivrent la narration du récit par des instants de grâce. Envolé par une bande originale somptueuse, le film percute nos sens et nos sentiments, à l’image de ses personnages bouillonnants de vie et d’incertitudes.
Deuil, conflit, renaissance, Amore Mio aborde les étapes d’une résurrection émotionnelle avec l’innocence d’un premier film et la candeur des plus beaux films dramatiques. Une réussite !

Vous pouvez retrouver mon interview avec le réalisateur Guillaume Gouix, ici.

Amore Mio, le 1er février au cinéma.

1 commentaire sur “AMORE MIO : LA FUITE EN AVANT D’UNE HÉROÏNE ENDEUILLÉE

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *