LA VIE, L’AMOUR, TOUT DE SUITE : UNE IDYLLE PLEINE D’ESPOIR (INTERVIEW AVEC LE RÉALISATEUR NICOLAS CUCHE ET LA COMÉDIENNE SANDY AFIUNI)

Le 31 janvier, M6 diffusera son nouveau téléfilm : La vie, l’amour, tout de suite. Un drame et une histoire d’amour bouleversante entre deux adolescents, Julie (Sandy Afiuni) et Ludo (Louis Durant). Inspiré d’une histoire vraie, La vie, l’amour, tout de suite délivre un magnifique message d’espoir pour toutes les personnes atteintes de mucoviscidose.

Synopsis :
Julie aurait renoncé à tous ses rêves si elle avait écouté les médecins, ses parents, les autres : la maladie menaçait d’étouffer ses poumons. Mais l’adolescente de seize ans n’en fait qu’à sa tête, dévorant la vie à pleines dents. Folle amoureuse de son premier flirt du même âge, elle tombe enceinte de lui et décide de garder le bébé. Elle va cacher sa grossesse à ses parents, aux médecins : et advienne que pourra. Julie a défié le monde des adultes, armée d’une conviction en forme de leçon pour tous : c’est parce que la vie peut être courte qu’elle se doit d’être intense.

Nicolas Cuche à la réalisation

« Les deux comédiens, Sandy Afiuni et Louis Durant, avaient cette fraîcheur, cette spontanéité, que je désirais conserver à l’image »

Depuis quelques années, Nicolas Cuche s’est fait des fictions adolescentes une spécialité. Avec Les Bracelets Rouges, Lycée Toulouse Lautrec et aujourd’hui La vie, l’amour, tout de suite, le réalisateur a su capter chez la jeunesse quelque chose de rare et de précieux, l’espoir ainsi que la beauté des sentiments. Son regard tendre et sincère sur la jeunesse et leurs problèmes (maladies, histoires d’amour, problèmes familiaux…) a fait de Nicolas Cuche le porte-étendard d’une redécouverte : les jeunes aussi ont des choses à raconter. Néanmoins, La vie, l’amour, tout de suite, n’est pas pour une lui « une énième histoire d’enfants malades comme avec Les Bracelets Rouges ». Son envie de réaliser ce téléfilm pour M6 trouve sa source ailleurs : « Je voulais raconter une histoire d’amour entre deux adolescents. Ce film pourrait presque tenir sans la maladie. Qu’est-ce qui se passe quand une jeune fille de 16 ans, tombe enceinte et, avec son compagnon, souhaite garder cet enfant ? La maladie ajoute une couche de dramaturgie et rend les situations plus fortes, plus tendues, mais j’avais vraiment ce fil de développer une histoire d’amour. C’était important parce que ça donnait le ton du film. Il fallait qu’il y ait une espèce d’énergie, quelque chose de l’adolescence, des scènes où ça se chamaille, où c’est en mouvement puis, les moments de gravité. C’était tous ces aspects que j’avais envie de montrer ».

« J’étais obsédé par la crédibilité cette histoire et de la positionner pour qu’ensuite, le spectateur soit embarqué avec eux »

Sa réalisation n’est que subtilité. Sans chercher à trahir une vérité ou les émotions des personnages, Nicolas Cuche va alors chercher chez ces adolescents ce qu’ils ont de plus précieux en eux :

« Les deux comédiens, Sandy Afiuni et Louis Durant, avaient cette fraîcheur, cette spontanéité, que je désirais conserver à l’image. C’est pour cela que j’ai tourné le film caméra à l’épaule. Cela donne une liberté qui colle à l’adolescence et à l’énergie des personnages ». Derrière, un objectif, rendre crédible cette histoire d’amour entre deux adolescents de 16 ans, pilier central du récit. Pour créer cette relation unique, Nicolas Cuche a donc fait quelques modifications : « Au scénario, leur histoire avait déjà commencé au début du film. Il fallait que je crée cette histoire. C’est pour cela que j’ai inventé cette soirée, j’ai inventé une scène sur la plage et où ils sont tous les deux. J’étais obsédé par la crédibilité cette histoire et de la positionner pour qu’ensuite, le spectateur soit embarqué avec eux. Donc, j’ai essayé de trouver des situations d’adolescence avec un flirt, une attirance ».

Crédit : ©Homayoun FIAMOR/VEMA PRODUCTIONS/MEDIAWAN/M6

Si cette fiction est adaptée d’une histoire vraie, celle de Julie Briant, atteinte de mucoviscidose, et de son roman publié chez Albin Michel en 2020, le réalisateur confie toutefois qu’il s’agit d’une adaptation et que son travail n’était pas de retranscrire mot pour mot l’histoire de Julie, mais d’en conserver l’essentiel pour ne jamais en trahir la substance romantique et l’espoir qu’elle peut insuffler : « Il y a là une responsabilité, nous avons envie que la personne s’y retrouve et, en même temps, je pense qu’on peut accepter une transcendance du réel. C’est là où intervient le travail du metteur en scène. […] Quand nous réalisons des fictions comme celles-ci, nous lui rendons (à Julie) cette histoire mais le but ce n’est pas de coller à la réalité à 100%. Le but c’est que ce soit vrai et de lui apporter une dimension cinématographique ».

Sandy Afiuni dans son premier grand rôle pour la télévision

Il y a dans le regard de Sandy Afiuni, une certaine forme d’innocence. Un regard enfantin qui se confronte à une sublime maturité. Dans le rôle de Julie, jeune fille atteinte de mucoviscidose, Sandy Afiuni apporte sa pureté, sa malice juvénile et une sagesse d’interprétation d’une justesse confondante. Dans sa façon d’interpréter, elle émeut autant qu’elle apporte une joie de vivre sans pareil. La force dont Julie a pu faire preuve dans sa propre vie, Sandy Afiuni la transpose à l’écran avec une puissance éclatante.
La maladie de la mucoviscidose, Sandy Afiuni la connaît, puisque sa sœur en est atteinte. Toutefois, la comédienne est venue avec toute sa simplicité, et c’est peut-être ça qui a séduit les directeurs de casting : « Je me suis appropriée le rôle à ma façon, avec mon côté humoristique. J’ai essayé d’être moi-même en connaissant le contexte que vit ma sœur ».

Avec La vie, l’amour, tout de suite, Sandy Afiuni s’offre son premier grand rôle à la télévision. Un début de carrière prometteur pour elle, après une apparition remarquée dans la saison 2 de « Je te promets », adaptation de la série américaine « This is us », et au cinéma avec « La Chambre des Merveilles » (2021) de Lisa Azuelos et « Le Consentement » (2022) de Vanesse Filho.

Crédit : ©Homayoun FIAMOR/VEMA PRODUCTIONS/MEDIAWAN/M6

Mais pour Sandy Afiuni, obtenir un premier rôle et le poids que cela peut représenter n’est pas plus angoissant : « Ce qui m’a davantage stressée, c’est de savoir que c’était Nicolas Cuche à la réalisation. Je savais qu’il avait réalisé Les Bracelets Rouges, et j’avais adoré cette série. Je me suis dit que je devais être à la hauteur et présenter quelque chose de super ».

« C’était un tournage émotionnellement et physiquement intense »

Dans le téléfilm, elle forme un couple avec Louis Durant. Il interprète son petit ami, Ludo, lui aussi âgé de 16 ans et qui se confronte aussi à la grossesse prématurée de Julie. Ensemble, ils crèvent l’écran. Leur amour – parsemé de doute, de détermination, d’engueulades et de moments de complicité – est authentique. Pour croire en cet amour, tout un travail a été réalisé en amont mais aussi entre les prises et après le tournage : « Même si nous avions des différends, nous nous sommes très bien entendus. Une complicité s’est même installée, assez vite. Après le tournage, nous allions nous promener. Nous faisions plein de trucs d’ados ensemble. Donc, je pense que cela a créé une complicité ensuite à l’image ».

Crédit : ©Homayoun FIAMOR/VEMA PRODUCTIONS/MEDIAWAN/M6

Un tournage qui a, par ailleurs, beaucoup éprouvé Sandy Afiuni : « C’était un tournage émotionnellement et physiquement intense. Je suis passée par toutes les émotions. La scène de l’accouchement a été la plus dure, mentalement parlant. Ce jour-là, en plus de mon stress, je ne me sentais pas très bien. Je pense que tout ça m’a permis de me lâcher et d’être juste Sandy et non plus Julie. Juste pouvoir pleurer pour de vrai et relâcher tout ce que j’avais en moi pour le transmettre à Julie. Ça m’a beaucoup aidé ».

La vie, l’amour, tout de suite sera diffusé ce 31 janvier sur M6.

Entretien réalisé au Festival de la Fiction de La Rochelle en septembre 2022.

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