CŒURS NOIRS : PRIME VIDEO SORT L’ARTILLERIE LOURDE

Avec Cœurs Noirs, Prime Video lance la première série française à raconter la vie et les missions des Forces Spéciales françaises, mais aussi à bénéficier du soutien du Ministère des Armées.
À la réalisation, Ziad Doueiri (Baron Noir) et les auteurs du Bureau des Légendes, Duong Dang-Thaï et Corinne Garfin.

Dans l’enfer de Mossoul

Dès la séquence d’ouverture, le réalisateur Ziad Doueiri impose un tempo qui déterminera le rythme de la narration de Cœurs Noirs. Un tempo puissant, toujours sous haute-tension, dans lequel la série secoue sans ménagement tous les personnages, aussi bien les militaires français que les autres protagonistes secondaires qui parcoureront l’intrigue.
Déployées en Irak, à la veille de la bataille de Mossoul (octobre 2016), les Forces Spéciales françaises ont pour mission de retrouver et d’exfiltrer la fille et le petit-fils d’un important Emir français de Daech qu’ils ont capturé et qui ne coopérera avec eux qu’à cette condition. Dans cette chasse aux informations, Duong Dang-Thaï et Corinne Garfin déploient un véritable jeu de piste, semé de pièges et d’embûches, dans une ville ravagée par la guerre et l’islamisme radical. On connaissait le talent des scénaristes et du réalisateur Ziad Doueiri pour dépeindre des réalités brutales, où les relations entre les êtres, floues et ambiguëes, deviennent des attaches fortes, des ancrages afin d’investir émotionnellement (et physiquement) le spectateur. Cœurs Noirs est dans ce prolongement. Il faut dire que leur obsession pour la vérité est ce qui a fait le succès de Baron Noir et du Bureau des Légendes, toujours prompt à enraciner leur intrigue dans une véracité juste et sans artifice. La crédibilité, rien que la crédibilité. Jusque dans les moindres détails.

Ce qui marque ce sont les gestes, précis, millimétrés des acteurs, la coordination des mouvements et des déplacements de soldats, ainsi que le vocabulaire employé. La retranscription de la guerre qui se mêle au côté espionnage est souvent caricaturée par les films d’action américains – à quelques rares exceptions telles que Zero Dark Thirty – entre clichés débiles et bourrineries crasses. Avec Coeurs Noirs, nous sommes au-delà de la fiction, nous sommes proches du réel. Tous ces petits éléments offrent une immersion totale au cœur de cette histoire d’exfiltration ainsi que sur la pression physique et psychologique que subissent les soldats en territoire ennemi.

Crédit photo : ©Sife Elamine – Mandarin Télévision

Par ailleurs, il n’y a pas que dans les séquences d’action où l’immersion se fait. Que ce soit au sein de la base militaire française ou l’enquête en cours sur le terrain, tout est soigné pour donner au spectateur une plongée dans un territoire inconnu, où la menace plane à chaque ruelle, à chaque couloir, à chaque fenêtre. Ziad Doueiri emploie une énergie monstrueuse pour faire ressentir que cette ville est un guet-apens à ciel ouvert. D’ailleurs, la progression des soldats en mission, en extérieur, est lente. La caméra suit les yeux des soldats, le regard en alerte. La tension est palpable. Qui sortira de l’ombre ? Ce stress évoqué, c’est dans ces séquences qu’il atteint son paroxysme.

Des acteurs et des actrices investis

Nicolas Duvauchelle, Tewfik Jallab, Jérémy Nadeau, Quentin Faure, Victor Pontecorvo, Marie Dompnier, Nina Meurisse et Thierry Godard sont au casting de cette série exigeante. Derrière leur interprétation juste et efficace, se cache en amont un vrai travail physique. En tout cas, nous l’imaginons. Car pour atteindre un tel degré de dextérité, il faut s’être investi sur la durée. C’est l’une des grandes qualités de Cœurs Noirs, l’implication de ses comédiens et comédiennes, qui vont bien plus loin que la simple interprétation d’un soldat des Forces Spéciales.

Si le casting est irréprochable, la caractérisation des personnages, elle, et parfois limitée. Sur les trois premiers épisodes, certains des héros de la série se réduisent à n’être que de simples soldats. Si quelques éléments sont là pour compenser ce manque, et créer de l’épaisseur à leur personnage, ce n’est encore qu’une couche inexploitée. Une histoire d’amour, un soldat sous stéroïdes (?), un père éloigné de sa famille, tout ceci est pour l’instant superficiel et n’a pas l’ampleur dramaturgique qu’elle devrait. Mais patientons, avant de se prononcer définitivement sur ce point…

Crédit photo : ©Sife Elamine – Mandarin Télévision

Conclusion

Ces trois premiers épisodes de Cœurs Noirs sont extrêmement prometteurs. L’intrigue, haletante, séduit par sa crédibilité « historique », sa reproduction fidèle à des événements importants, le réalisme de ses séquences d’action, l’immersion émotionnelle et physique des personnages et l’intelligence des dialogues, jamais brocardés, mais rigoureux. Coeurs Noirs a tous les atouts pour être le nouveau Bureau des Légendes, si elle prend soin de développer plus en profondeur le caractère et les dilemmes de ses héros en uniformes, dont les personnalités ne sont pas suffisamment explorées.

Cœurs Noirs, dès le 3 février sur Prime Video.

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