LA VENGEANCE SANS VISAGE : DES ARTS MARTIAUX À LA COMÉDIE, L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE PHILIPPE BAS : « Profilage est ce qui a pu m’arriver de mieux à cette période de ma vie »

Après Le Saut du Diable 2, l’acteur Philippe Bas revient avec un nouveau téléfilm : La Vengeance sans visage de Claude-Michel Rome. Le comédien y incarne le Commandant Luc Ferraz, un officier de la BRI qui enquête sur une série de braquages menée par un gang de parachutistes.

À l’occasion de la diffusion du téléfilm sur France 2 le 11 février prochain, Philippe Bas revient sur les moments importants de sa carrière. De son amour pour les arts martiaux au théâtre, l’acteur se confie sans filtre sur ses expériences au cinéma, le succès de Profilage et sur ce nouveau rôle pour la télévision.

 « Peut-être qu’inconsciemment, j’avais envie de plaire à mes parents en devenant acteur »

Vous pratiquez les arts martiaux ainsi que la boxe depuis l’âge de 16 ans. D’où vous vient cet amour pour les sports de combat ?

J’ai eu une attirance très jeune pour les arts martiaux grâce au cinéma, notamment les films de Bruce Lee. Ça a été un moment majeur dans ma vie puisque ça m’a donné une structure et une idée du dépassement de soi que je n’avais pas dans mon quotidien ou par l’école. J’ai pu me rendre compte qu’on pouvait progresser, évoluer, avoir des objectifs, sans le formuler intellectuellement. Le sport est une très bonne école de la vie. Parfois, nous n’avons pas grand-chose à laquelle se raccrocher pour se situer, pour accomplir notre vie, et j’ai trouvé ça moi-même. Ce sont d’ailleurs toujours des sports importants dans ma vie.

[…] J’ai participé à quelques compétitions et cela m’a permis d’appréhender le stress. Lorsque j’ai commencé le théâtre, je n’avais plus le trac de passer une audition. Je vivais ça comme une excitation très positive. Je n’avais pas de doute ou de peur qui auraient pu être paralysants. J’avais aussi avec moi tout l’apprentissage de la préparation à une échéance, qu’elle soit sportive ou autre, et j’étais donc rôdé à ce rythme-là.

Crédit photo : Instagram – Philippe Bas.

Comment passe-t-on des arts martiaux au théâtre, qui sont deux univers très différents ?
Mes parents aimaient le théâtre et le cinéma. Quand nous regardions un film ensemble, même à la télévision, c’était des instants qui nous rassemblaient. Peut-être qu’inconsciemment, j’avais envie de plaire à mes parents en devenant acteur. C’est une remarque que l’on m’a faite un jour et j’avoue que ce n’est pas bête comme réflexion. Au moment où je suis devenu acteur, j’en avais réellement envie. Quelque chose en moi en avait le désir mais j’étais incapable de le formuler. J’étais attiré vers ça comme un aimant. Puis, je me suis rendu compte que c’était ma voie.

« Je souhaitais jouer des rôles populaires, qui bougent »

Vous rêviez, peut-être secrètement, d’être un acteur de film d’action ?
Lorsque j’ai débuté, j’avais simplement besoin de jouer. Au théâtre, nous jouons des grandes pièces, des classiques, des rôles pour lesquels nous ne serions pas forcément choisis mais nous les jouons quand même. C’est comme une sorte de contre-emploi. C’est tellement fort d’interpréter ces grands textes. Là, vous avez juste envie de jouer. Par la suite, en tournant, j’ai voulu faire des rôles différents mais avec le souhait de jouer des rôles populaires, qui bougent. C’est important pour moi que les gens puissent regarder un truc sympa, avec de l’aventure, et qu’ils ne s’ennuient pas, à la manière de L’homme de Rio. J’aime que ce soit vivant parce que je m’inscris dans un genre qui est celui du divertissement. C’est pour ça que je m’entoure de gens passionnés par le cinéma tel que Julien Seri. Je n’ai pas envie de faire que des films d’action, même si j’ai certaines capacités et que j’aime réaliser des choses assez physiques. Puis, ce n’est pas vraiment de l’action que je fais. C’est de l’aventure avec un peu d’action. Mais je suis ouvert à tout.

Cet amour pour les arts martiaux, vous la partagez avec le réalisateur Julien Seri. Vous avez d’ailleurs tourné plusieurs fois ensemble, notamment au cinéma en 2007 pour le film « Scorpion » et plus récemment avec « Le Saut du Diable 2 ». Pouvez-vous nous parler de votre amitié ?

Nous nous sommes rencontrés sur le tournage de « L’Empire des Loups », où il était réalisateur seconde équipe. Très vite, nous nous sommes liés d’amitié. Il m’a parlé de ce film qu’il préparait, Scorpion, et il y avait un petit rôle. C’était même un cachet de cascadeur. Le personnage de Clovis Cornillac devait tuer quelqu’un accidentellement et c’était moi. Puis, dès qu’il réalisait un projet et que je le pouvais, je venais. Nous avons une connexion très saine, très simple. Nous nous comprenons. Julien est quelqu’un d’animé, avec une forte énergie. Nous avons un peu la même. De ce fait, j’arrive à compléter son énergie. C’est pour ça que c’est agréable de tourner avec lui. Outre que c’est toujours merveilleux de tourner avec les gens que l’on aime, ça crée avec les autres personnes de l’équipe une ambiance sereine.

En ce moment, il est très demandé. Je suis heureux pour lui. D’autant qu’il va certainement recevoir un prix au Festival de Luchon pour son téléfilm « Je suis né à 17 ans », adapté du roman de Thierry Beccaro.

Image : Le réalisateur Julien Seri et le comédien Philippe Bas sur le tournage du Saut du Diable 2.
Crédit photo : Franck Le Breton.

Qu’est-ce que le sport apporte en complément à votre métier de comédien ?
Constantin Stanislavski, qui a écrit « la formation de l’acteur » et qui a fondé ce qu’on appelle aujourd’hui « la méthode », disait : « l’acteur doit se soumettre à une discipline de fer ». En réalité, dans la vie, nous tous, si nous voulons réussir et faire quelque chose correctement, nous sommes obligés de nous restreindre à une discipline. Si vous êtes juste motivés, c’est formidable. Mais il peut arriver qu’un jour, parce qu’il fait froid ou qu’on a pas le temps, nous perdons cette motivation. C’est la que la discipline prend la relai. Et la discipline, c’est quand nous nous sommes fait la promesse que nous allions le faire. Pareil pour les artistes. Nous sommes obligés d’être auto-disciplinés. Sinon, c’est le chaos. Les gens qui réussissent ont eu cette discipline.

« Je suis extrêmement reconnaissant à Profilage et TF1 »

C’est le rôle du Commandant Thomas Rocher dans « Profilage » qui vous a fait exploser auprès du grand public. Que retenez-vous de cette expérience ?

Profilage est ce qui a pu m’arriver de mieux à cette période de ma vie. J’ai eu la chance de pouvoir travailler toute l’année, sur plusieurs années. Ce qui était assez nouveau pour moi. Je travaillais mais pas autant. Mais surtout, au fur et à mesure, j’ai pu m’apercevoir des erreurs que l’on peut tous faire inconsciemment. En les observant, je me suis aperçu de ce qui était bien et de ce qui n’était pas à faire. J’ai pu modifier certains comportements chez moi. Ce ne sont pas des choses graves, simplement des petites maladresses. C’était formateur, alors que je connaissais déjà mon métier. Je suis extrêmement reconnaissant à Profilage et TF1 qui m’ont permis d’apprendre.

Image : Philippe Bas mène l’enquête dans Profilage.

Désormais, j’ai une somme d’expériences qui fait que les choses sont plus simples pour moi. Et dès lors qu’il y a une complication, ce n’est plus un problème. Puis, ça m’a également servi, comme vous le soulignez, d’atteindre une notoriété par rapport au grand public qui m’a ensuite ouvert les portes à d’autres projets que ce soit sur France Télé ou TF1.

« Je me souviens d’avoir passé un casting pour un épisode de « Navarro » avec Guillaume Canet »

Je constate que beaucoup de comédiens vedettes de la télévision d’aujourd’hui sont tous passés par des séries françaises emblématiques. Vous avez tous joué au moins dans un épisode de « Julie Lescaut », « Cordier, juge et flic » ou encore « Joséphine Ange Gardien ». Etait-ce un passage obligé ?
A l’époque, par rapport aux gens de ma génération, il y avait ces séries qui étaient pour nous l’opportunité de travailler. Ils cherchaient constamment de nouveaux acteurs. Ça nous permettait d’apprendre notre métier et ils avaient besoin de rôles comme nous. Ce n’était pas un passage obligé mais, soit nous nous coupions d’une partie du travail et notamment de celui-ci – ce qui aurait été dommage – soit nous le faisions et nous avions la chance de travailler mais aussi de côtoyer de grands acteurs pendant quelques jours. C’était une vraie chance et de belles opportunités. Je me souviens d’avoir passé un casting pour un épisode de « Navarro » avec Guillaume Canet.

« J’arrive à un âge et à une maturité qui fait que, si demain j’obtiens des rôles, je suis persuadé que ce seront des rôles qui me plairont encore plus que je ne l’imagine »

Entre 1995 et 2012, vous avez joué dans de nombreux films au cinéma dont « Michel Vaillant », « L’Empire des Loups » et « L’Assaut ». Vous revenez sur grand écran en 2023 mais avant d’en parler, est-ce que vous regrettez de ne pas avoir joué davantage au cinéma ?
Non, je ne le regrette pas. Je ne crois pas au hasard. Dès que j’ai le recul sur une expérience, je m’aperçois toujours qu’elle a été positive, qu’elle fut bonne ou moins bonne. J’en retire toujours du positif. Il est évident que j’aurais aimé jouer dans des films qui ont eu plus de succès mais, si ça ne s’est pas fait, c’est qu’il y avait une raison. Et, par ailleurs, je ne m’interdis pas d’en refaire. Je suis plutôt content de ce que je fais. Souvent, les artistes ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils ont. En réalité, je noircis le trait exprès, mais il faut toujours être reconnaissant. Dès qu’on l’est, comme j’ai appris à l’être – parfois, par maladresse ou par l’éducation, on ne s’en aperçoit pas – mais de bonnes choses arrivent. Je me souviens d’une mini-série, il y a une dizaine d’années. Je pensais que ça serait formidable pour moi de la faire à ce moment-là et, finalement, ça ne s’est pas produit. En voyant le résultat, je me suis dit : « Heureusement que je n’avais pas tourné dedans ».
J’arrive à un âge et à une maturité qui font que, si demain j’obtiens des rôles, je suis persuadé que ce seront des rôles qui me plairont encore plus que je ne l’imagine.

« J’ai tourné avec John Malkovich »

Vous serez prochainement à l’affiche du film « Complément cramé » de Gilles Legardinier. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle ?

Ce film est une adaptation d’un livre, mis en scène par l’auteur lui-même, Gilles Legardinier. Le film traite du deuil. C’est une histoire magnifique d’un homme, Andrew Blake, interprété par John Malkovich, qui vient de perdre sa femme. Pour se remémorer le souvenir de leur rencontre, il se rend sur la propriété où ils se sont vus pour la première fois. Une sorte de voyage initiatique. Mais, ça ne se passe pas comme prévu puisque le manoir tombe en ruine et, il se retrouve engagé comme majordome à l’essai suite à un quiproquo. Il y a une servante (Emilie Dequenne), la propriétaire (Fanny Ardant) et une autre domestique (Eugénie Anselin). Je joue le rôle du jardinier, un peu rustre, bourru. Ce personnage d’Andrew va faire le lien entre tous ces protagonistes et les aider à régler leurs problèmes. C’est une comédie dramatique sublime. J’en garde un joli souvenir.

Image : Philippe Bas donnera la réplique à John Malkovich dans le premier film de Gilles Legardinier. Prochainement au cinéma.

C’est génial de tourner avec un auteur parce qu’il veut qu’on respecte le texte. Parfois, les auteurs ne sont pas de bons dialoguistes. Gilles avait lui écrit ses dialogues avec précision. C’était un nouvel exercice et j’avais à cœur de faire sonner ses mots avec ma patte, en lui apportant quelque chose. Et tourner avec John Malkovich, c’est super parce qu’il est très aimable, poli et courtois. Ce sont des qualités auxquelles je suis sensible. Le casting est époustouflant.

« J’essaie toujours de réaliser les cascades que font mes personnages »

Le 11 février, vous serez le héros du nouveau téléfilm de France 2, La Vengeance sans visage. Qu’est-ce qui vous a convaincu d’accepter le rôle du Commandant Luc Ferraz ?
J’avais tourné un autre téléfilm avec le même producteur Antoine Perest et le réalisateur Claude-Michel Rome, qui s’appellait « Mortelles Calanques ». Nous avions beaucoup aimé travailler ensemble. Naturellement, nous avons eu le souhait de retravailler tous les trois et lorsque l’idée de ce projet est née, ils me l’ont proposée. Ce que j’aime dans ces téléfilms-là, c’est qu’il y a un esprit polar et, en même temps, avec une histoire humaine. Le personnage que je joue est assez différent de ce que j’incarne habituellement, parce que c’est au départ un homme plutôt sombre qui, peu à peu, va s’ouvrir. Une très belle expérience.

Il y a quelques scènes d’action assez impressionnantes dans le téléfilm. Vous faites toujours toutes vos cascades seul ?

Effectivement, j’essaie toujours de réaliser les cascades que font mes personnages parce que je trouve ça plus sympa. Puis, c’est une façon de gagner du temps et de faire des économies. Même les régleurs de cascades sont contents. Ça ne les met pas au chômage au contraire, ça leur permet de venir ajouter des choses, de faire étalage de leurs talents.

Pour les scènes en parachute, je n’ai pas pu les réaliser moi-même. J’étais encore en formation à ce moment-là. Si j’avais pu jouer dans La Vengeance sans visage avant Le Saut du Diable 2 alors là, j’aurais sauté en parachute.

Image : Philippe Bas en plein vol pour Le Saut Du Diable 2.

Parlez-nous de votre collaboration avec votre partenaire Aurore Delplace, qui interprète Marie…
Avec Aurore, nous ne nous connaissions pas mais nous étions contents de collaborer ensemble sur ce projet. Nous avons essayé, avec le peu de temps que nous avons eu, de faire en sorte de s’aider, de s’apporter mutuellement les pierres pour construire l’édifice de nos personnages. A l’intérieur de chaque scène, nous avons tenté d’apporter une dimension plus humaine encore, en y insufflant davantage de sensibilité et d’émotions. Aurore et moi étions raccord sur ça. C’est une collaboration réussie.

Synopsis – La Vengeance sans visage :
Marie est cadre dans un aéroport. À la faveur d’un rafting, elle rencontre Maxime, passionné de parachutisme et de wingsuit. Ce qu’elle ignore, c’est que lui et sa bande pillent des transports de fonds sur des aéroports et qu’ils préparent un braquage. Pour s’assurer du silence de Marie, Sofia – leader du gang – sabote son parachute lors d’une initiation. Marie fait une chute de 2 000 mètres et survit par miracle. Un an plus tard, handicapée, elle s’est réfugiée dans la maison de ses parents, à Gap, sa ville natale. Jusqu’au jour où Marie croise Sofia, qui la croit morte et ne la reconnaît pas. Marie décide de se venger en les attirant vers un nouveau braquage. Mais c’est compter sans Luc Ferraz, officier de la BRI à la recherche de la source qui informe le gang. Marie a le profil idéal. Alors Luc se fait passer auprès d’elle pour un auxiliaire de vie, afin de remonter aux braqueurs. Une infernale partie d’échecs va s’engager entre Luc qui la soupçonne et Marie qui se méfie de cet étranger bien trop parfait pour être innocent…

La Vengeance sans visage le 11 février sur France 2.

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