LA PLUS BELLE POUR ALLER DANSER : ENTRETIEN AVEC LA COMÉDIENNE BRUNE MOULIN : « Je me suis inspirée de l’aspect cartoonesque du jeu de Pierre Richard »

À seulement 15 ans, elle est LA révélation du premier film de Victoria Bedos « La plus belle à aller danser ». Dans cette comédie charmante, Brune Moulin y incarne avec beaucoup de subtilité et de sensibilité Marie-Luce, une adolescente timide et mal dans sa peau. Pour continuer de plaire au garçon dont elle est tombée amoureuse, Marie-Luce devient Léo, un jeune homme que tout le monde adore. Dans cette double incarnation, la comédienne étonne, subjugue par son regard profond, et se révèle au côté des plus grands, auxquels elle n’a rien à envier. Un talent indéniable, brut, qui séduit.
À l’occasion de la sortie du film le 19 avril prochain, Brune Moulin s’est confiée à mon micro sur ses premiers pas au cinéma et sur ce rôle tendre qu’elle sublime par une interprétation authentique et intelligente. Rencontre avec une actrice en devenir…

C’est votre premier rôle au cinéma. D’où vient cette envie de devenir comédienne ? Et racontez-nous, par la suite, comment vous êtes arrivée sur le projet…
Depuis l’âge de 7 ans, je rêve de devenir actrice. J’aimerais pouvoir vous dire que c’est parce que j’ai vu tel film ou tel acteur jouer mais je ne sais pas. Ça a toujours été en moi. J’ai toujours aimé être ce que je ne suis pas. Petite, j’ai commencé par créer et interpréter des personnages, d’hommes en premier lieu (une belle coïncidence), totalement à l’opposé de moi donc. Ça s’est nourri ainsi, puis par les films que j’ai vus, petit à petit, et cela s’est confirmé avec mon intégration dans une troupe de théâtre. Nous ne faisons que de l’improvisation. J’ai fait six ans de théâtre et je continue. Grâce à Victoria et cette expérience, je suis désormais persuadée que je veux continuer dans cette voie. […] J’ai trouvé ce casting sur internet avec l’aide d’une amie de ma mère. L’annonce disait : « recherche jeune fille timide capable de jouer un garçon » et « recherche jeune fille populaire dans son lycée, bien dans ses baskets ». Je ne savais pas pour lequel j’auditionnais. J’ai juste envoyé mes photos et on m’a rappelée afin de passer les essais pour le personnage de Marie-Luce. En rencontrant Victoria, je suis tombée amoureuse de son être, de sa passion, de son talent, de sa personnalité.

« Quand on joue avec Pierre Richard, on oublie son statut de monument du cinéma français, on joue avec un collègue simplement très talentueux »

Un premier rôle, à un si jeune âge, c’est une grande pression que l’on a sur les épaules…
Totalement. Quand on vous dit que vous êtes le premier rôle, que vous êtes dans 80% des plans et que je vous allez jouer avec Pierre Richard et Philippe Katerine, ça fait un coup. C’était angoissant aussi. Mais j’ai été particulièrement bien entourée et toute l’équipe a su me mettre à l’aise. Tout le monde a été bienveillant. Puis, quand on joue avec Pierre Richard, on oublie son statut de monument du cinéma français, on joue avec un collègue simplement très talentueux. L’importance de mon rôle compense avec la bienveillance et la présence des acteurs autour de moi.

Dans « La plus belle pour aller danser » vous incarnez à la fois Marie-Luce et Léo. De quelle façon avez-vous abordé ces deux rôles ?

Le rôle de Marie-Luce a été rapide à trouver. Je me suis laissée guider par les directives que l’on me donnait. Alors que le rôle de Léo a demandé davantage de travail en amont. Il y avait d’ailleurs une plus grosse masse de travail. Sur le maquillage et l’habillage, d’abord, qui m’ont beaucoup aidée sur l’interprétation. Sur le tournage, Victoria m’aidée en incarnant elle même le personnage. Comme elle a une âme d’actrice et de chanteuse, elle joue sur la tonalité et la musicalité des répliques ainsi que sur le mouvement. Elle nous montrait et nous disait comment jouer. C’était agréable. […] Autre avantage, c’est que le tournage a été réalisé en deux fois.

Nous avons d’abord tourné les séquences avec les seniors puis les séquences avec les jeunes en région parisienne. J’étais d’abord plus en Marie-Luce et ensuite en Léo. Je n’avais pas à changer de « sexe » d’un jour à l’autre. C’était plus facile et j’étais plus à l’aise avec cette organisation. Puis, j’ai eu de l’aide autour de moi. Une coach de tournage notamment, qui m’a aidé à incarner Léo plus facilement.

Le théâtre et le cinéma sont deux exercices différents. Malgré tout, est-ce que le théâtre vous a aidé à appréhender ces deux rôles ?
C’est vrai que le théâtre et le cinéma sont deux arts très différents. Ils se rejoignent sur le principe de jouer et d’incarner un personnage. Je ne fais pas de théâtre à une grande échelle, mais ça m’a déjà permis d’avoir les bases d’un jeu, d’absorber des répliques, de savoir « recracher » un texte d’une certaine manière en l’interprétant. Au théâtre, on va incarner un texte alors qu’au cinéma on va interpréter un personnage. Au théâtre, on déclame, on doit bien articuler, on a des gestes plus grands, plus amples, alors qu’au cinéma, on doit interpréter un personnage de manière « plus naturelle ». Mais le théâtre est important, si je veux continuer.

« J’ai eu l’honneur d’intégrer le monde très féerique de Philippe Katerine »

Pour cette première, vous êtes entourée de grands noms du cinéma dont Philippe Katerine, qui joue votre papa dans le film. Parlez-nous de votre rencontre…

J’ai eu tellement de chance de pouvoir jouer cela avec Philippe Katerine. Au départ, nous avions une relation timide. Pour l’anecdote, je rêvais de tutoyer Philippe Katerine. Je voyais tout le monde le tutoyer et je n’osais pas (rire). Finalement, ça s‘est fait petit à petit. Nous nous sommes rapprochés assez vite. Nous nous comprenions. J’ai eu l’honneur d’intégrer son monde qui est très féerique, très magique, très poétique. Il était alors difficile de s’énerver contre lui, de lui crier dessus ou de l’insulter parce que c’est Philippe Katerine, tout le monde l’aime. Il est lui. Unique. C’est sa personnalité qui ressort tout le temps. J’ai adoré l’avoir comme père. Et c’est fou de me dire que désormais, il fait partie de ma vie. J’en suis fière

Puis, il y a l’immense Pierre Richard…

J’ai appris que je jouais avec lui, peu avant le tournage. Notre rencontre s’est faite suite à une première lecture avec Victoria Bedos. Il nous avait convié chez lui. J’étais décontenancée. Intimidée. Je n’arrivais pas à y croire.
Sur le tournage, il y a eu une alchimie. Je suis hyper contente d’avoir pu partager ça avec un des plus grands acteurs français. J’espère que j’aurais la chance de rejouer un jour avec lui. Je l’adore maintenant. Il a été si gentil avec moi. Bienveillant. Il m’a donné plein d’astuces de jeu. C’est un enfant encore et j’ai pris exemple sur lui. Notamment sur l’aspect très cartoonesque qu’il peut avoir. Je m’en suis inspirée. Ça m’a été utile dans quelques séquences du film.

En début d’interview, vous disiez avoir auditionné pour deux rôles, celui de Marie-Luce et la fille populaire du lycée, Chloé, incarnée par Iris Guillemin. Laquelle des deux êtes-vous ? Y’a-t-il des points communs qui auraient pu vous aider à vous rapprocher de Marie-Luce ?
Je suis un peu des deux, je pense. Dans mon lycée, je suis plus à l’aise et mieux intégrée que l’est Marie-Luce. Mais dans la réalité, je suis timide, je réfléchis beaucoup à ce que les gens pensent, à ce qu’ils disent, je pose plein de questions et j’ai toujours peur d’être mise à l’écart. Ça rejoint la mentalité de Marie-Luce. Tous les traits que j’ai en commun avec Marie-Luce, je les ai exagérés pour l’interpréter.

J’aimerais terminer en revenant sur une jolie séquence du film, celle où, après votre soirée chez Chloé, Marie-Luce saute de joie dans la rue et se met à danser. Racontez-nous les coulisses de cette scène…
Nous avons eu 3-4 répétitions avec une chorégraphe. Nous l’avons tournée de nuit. Cinq minutes avant le tournage, nous avons encore répété, sur place, avec la chorégraphe afin de bien avoir tous les pas en tête. Il y a un habitant du village qui nous regardait répété et m’a vue en Marie-Luce. Au moment de tourner la scène, je suis en Léo. Le monsieur voit ça et dit à l’équipe : « C’est marrant, il y avait une jeune fille qui faisait les mêmes pas ici il y a quelques heures » (rire). Ça a rassuré l’équipe puisqu’il n’avait pas compris que c’était deux personnes différentes, mais dans le même corps. C’est une de mes scènes préférées. La chanson accroche et traduit la fluidité du film. D’ailleurs, lorsqu’on a mis la musique à fond dans le village, j’ai fait ma première prise, et les habitants qui étaient venus voir m’ont applaudie. C’est l’une des première fois où je me suis rendue compte de ce que je faisais, de ce qui m’arrivais. Je tourne dans un film. C’est beau et émouvant.

Ma critique du film est à retrouver ici.
Mon interview avec la réalisatrice Victoria Bedos est à lire ici.

La plus belle pour aller danser le 19 avril au cinéma.

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