[CRITIQUE] – SENTINELLE : JONATHAN COHEN POUSSE LA CHANSONNETTE

Dans « Sentinelle », Jonathan Cohen incarne François Sentinelle, mi-flic, mi-chanteur, mi-âne, mi-benêt, dans une comédie policière bidonnante. Et alors qu’une vague de crimes secoue l’Île de la Réunion, François Sentinelle, en pleine préparation de son nouvel album, ne semble pas prendre l’affaire au sérieux, ni même vouloir enquêter.

Sentinelle, le come-back perturbé d’un chanteur oublié

Il y a chez François Sentinelle, un côté « Marc », ce personnage crétin mais terriblement séduisant dans son approche humoristique, créé pour Canal + dans deux parodies désormais inoubliables : « La Flamme » et « Le Flambeau : Les aventuriers de Chupakabra ». François Sentinelle a de ça, une personnalité loufoque, lâche, peureuse, inconsciente de sa bêtise, à l’attitude tantôt stupide, tantôt dénuée de toute logique de pensée. Un nouveau personnage donc, conçu sur-mesure pour Jonathan Cohen, qui excelle dans ce type de rôle. Il se meut parfaitement dans les chemises à fleur de François Sentinelle, ce héros malgré lui, toujours à côté de la plaque, dont la seule obsession est la musique. Car oui, François Sentinelle, policier, est aussi chanteur. Un chanteur raté certes, mais un chanteur quand même. Entendons-nous, personne n’écoute sa musique et personne n’achète ses albums. Pourtant, il croit dur comme fer à sa notoriété artistique. S’il a bien eu son quart d’heure de gloire avec un titre « Le Kiki », il y a quelques années, aujourd’hui moqué par la jeunesse, François Sentinelle n’a jamais réellement séduit les foules. Néanmoins déterminé, il tente un come-back avec le titre « Est-ce que tu regrettes ? » (disponible en intégralité ici) et un nouvel album, tout en essayant de résoudre une enquête sous haute-tension politique. Et si on aurait souhaité voir davantage de François Sentinelle-chanteur, plus de chansons et plus de clips, le scénario est très habile. En effet, il y une raison au fait que ce dernier arrête la production de son nouvel album, une raison qui servira plus tard à l’intrigue, dans laquelle il se retrouvera manipulé à des fins politiques.

Dans cette comédie signée Hugo Benamozig et David Caviglioli, François Sentinelle enquête sur des crimes commis sur l’Île de la Réunion par une organisation nommée « Bras Rouge », et la disparition du mari de la Présidente (Emmanuelle Bercot).

Les deux réalisateurs tissent alors une intrigue efficace, entre situations cocasses et moments de grâce humoristiques, où performent également un tas de seconds rôles à l’image de ces flics aveuglés par la bêtise de leur chef et un certain Raphaël Quenard, véritable révélation de cette année 2023. Il campe ici un policier sérieux, sous les ordres de François Sentinelle. Un contraste et deux visions du métier, deux façons différentes de mener l’enquête qui se confrontent, s’opposent, pour donner lieu à des séquences amusantes et navrantes (dans le bon sens du terme).

Emmanuelle Bercot (Polisse, Goliath, De grandes espérances…) n’est pas en reste. Elle campe une politicienne véreuse, ambitieuse, prête à tout pour garder son contrôle sur l’Île, jusqu’à user de méthodes douteuses. L’actrice, assez rare dans le registre de la comédie, cabotine joyeusement dans ce rôle de méchante. Un personnage presque à contre-emploi, qui lui sied à merveille.
N’oublions pas l’excellent Laurent Evuort Orlandi, en « sorcier » chanteur truculent. Un protagoniste essentiel à l’intrigue et pour lequel François Sentinelle aura un coup de cœur artistique (on veut le feat !).

Conclusion

Sentinelle est la comédie que l’on attendait. Globalement, l’humour du film tient à la performance d’un Jonathan Cohen en grande forme, à l’aise dans ce type de rôle, mais aussi à l’écriture/réalisation de quelques séquences complètement barrées, récréatives, excessives dans leur traitement cinématographique et ingénieuses dans leurs absurdités humoristiques. C’est lorsque le film part en improvisation qu’il nous perd. Deux séquences avec Ramzy et Jonathan Cohen fonctionnent moins, car la sur-excitation dans leur jeu est parfois lourdingue. Au-delà de ce petit point négatif, Sentinelle est un divertissement délicieux. Toutefois, si vous n’avez pas aimé La Flamme et Le Flambeau, passez votre chemin. La ressemblance entre François Sentinelle et Marc est telle que vous n’y prendrez sûrement aucun plaisir. Il faut dire que les réalisateurs du film Hugo Benamozig et David Caviglioli ont été scénaristes sur Le Flambeau. Il s’agira peut-être d’un reproche pour certains, le manque d’imagination sur la caractérisation de François Sentinelle et l’impression de regarder une troisième saison de « La Flamme ». Pour les autres, l’occasion de se régaler.

Sentinelle, le 8 septembre sur Prime Video.

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