[CRITIQUE] – IRRÉSISTIBLE : LA COMÉDIE ROMANTIQUE DES 7 à 77 ANS

Le 20 septembre, Disney + lancera sa première mini-série romantique française, Irrésistible. Créée par Clémence Madelaine-Perdrillat (Mixte, OVNI(s), En Thérapie…), Irrésistible sent bon l’amour et diffuse un doux parfum de passion. Une série rafraîchissante, terriblement drôle et captivante. Un vrai coup de foudre !

La maladie d’amour, ça existe !

Michel Sardou la chantait, Adèle (Camélia Jordana) la vit. Tombée en amour pour le charmant Arthur (Théo Navarro-Mussy), elle souffre de crises de panique chaque fois qu’elle est à ses côtés. Le moindre baiser, le moindre regard intense, la moindre vision de l’avant-bras sexy d’Arthur, et Adèle suffoque, au point de tomber littéralement dans les pommes. Un stress post-traumatique lié à sa précédente relation, qu’Adèle croyait pourtant enterrée. De fait, comment être avec l’homme qu’on aime, sans faire un malaise ? C’est le point de départ d’Irrésistible, comédie romantique originale qui va user de stratagèmes cocasses et amusants pour former ce couple que l’amour sépare. Le comble !

Irrésistible à toutes les caractéristiques d’une bonne comédie romantique : une histoire atypique, une rencontre improbable, deux héros attachants, un bel équilibre entre humour et émotion, une réalisation haute de gamme au service du récit, ainsi qu’une galerie de personnages secondaires attendrissants. Dans l’écriture, Clémence Madelaine-Pédrillat s’autorise toutes les extravagances mais aussi toutes les niaiseries amoureuses. Parce que l’amour, c’est parfois niais (c’est peut-être d’ailleurs la forme la plus belle et la plus pure de l’amour), parce que lorsqu’on est amoureux, on est forcément un peu benêt, la créatrice d’Irrésistible assume une authenticité qui ne trompe pas. C’est avec cette vérité dans l’écriture que la série charme, enchante. Ça dégouline d’amour, de sensualité et d’appétit sexuel (car oui, la série ne censure jamais les envies de ses personnages), assaisonné de maladresses, de promesses et, de temps à autre, de souffrances. L’amour est un chemin, une randonnée de plusieurs étapes. Irrésistible les franchit une par une, sans compromis, jusqu’à son dénouement tant attendu.

Disons-le clairement, il n’y a rien de simple à écrire de la comédie romantique. Et Clémence Madelaine-Perdrillat a une intelligence redoutable pour donner de l’originalité à sa narration romantique ainsi qu’à ses dialogues, pétillants et truculents. Car niais ne veut pas dire simplicité. Elle exprime l’amour d’un point de vue littéraire et mathématique, afin d’en exposer toutes les théories, toutes les subtilités, toutes les contradictions. Une analyse de l’amour souvent déconcertante, qui permet aussi à Adèle (la littéraire) et Arthur (le mathématicien) d’avoir une caractérisation en contraste et de créer des situations tantôt drôlatiques, tantôt émouvantes.

À la réalisation, Antony Cordier (OVNI(s)) – pour les 3 premiers épisodes – et Laure de Butler (Syndrome E), deux metteurs en scène de grand talent. Il y a dans la mise en image, l’assurance de vivre une vraie aventure amoureuse – certaines scènes ont une intensité bluffante – et de l’ingéniosité – avec des plans et des mouvements de caméra singuliers mais également une charte graphique et « éditoriale » assez sublime. Cette idylle, Antony Cordier et Laure de Butler la magnifient aussi par leur façon de filmer ces héros, notamment par le biais des gros plans sur les visages, sur les yeux, vifs et puissants. Sans oublier le travail sur la décoration, qui amène à la série des plans d’ensemble denses, riches et colorés.

Un casting IR-RÉ-SIS-TI-BLE

Pour camper Adèle, créatrice de podcast et Arthur, le « mathématicien de l’amour », un duo inattendu : Camélia Jordana (Le Brio, Parents d’Elèves…) et Théo Navarro-Mussy (Hippocrate). Dans une comédie romantique, tout repose sur l’alchimie entre deux acteurs. Et si Irrésistible séduit, c’est parce que leur complicité à l’écran transpire d’une brûlante fièvre amoureuse. Il y a dans leur regard, de l’espièglerie, de la fantaisie, du désir, énormément de tendresse et une véritable volonté d’être ensemble. C’est à travers leurs yeux, de ce qu’ils racontent, entre désillusions et espoirs, que cette histoire nous embarque réellement. C’est parce que leur sincérité se ressent que cette romance parvient à exister et à convaincre.

Ces allers-retours constants pour être ensemble, cette valse de sentiments qui les bouscule, Camélia Jordana et Théo Navarro-Mussy le transcendent en quelque chose d’extrêmement mignon. Dans leur attitude, un mélange de pudeur, d’élégance, de délicatesse, saupoudré d’une attirante animosité. Dans leur « face à face », une déchirante fureur de s’embrasser, une tentation de braver l’interdit imposé par une foutue maladie. Tout ceci happe le spectateur, l’investit émotionnellement dans cette relation impossible. Pari gagné ! Nous sommes avec eux.

La série tient également par ses craquants protagonistes secondaires (Corentin Fila, Salomé Dewaels, Simon Ehrlacher, Marion Séclin, Alicia Hava…) qui viennent alimenter un environnement amical hyper sympathique. Ils apportent un soutien moral à Adèle et Arthur lorsque cela est nécessaire, adoucissent les tempêtes (cf. Salomé Dewaels – la sœur d’Arthur est un personnage croustillant) ou déclenchent des moments intimes très forts qui rapprochent (cf. Alicia Hava, la petite sœur d’Adèle). Un seul est le pilier du problème, Trésor (Corentin Fila), l’ex-petit ami d’Adèle, encore trop présent dans sa vie. Si Trésor est le parfait exemple d’une fin de relation en bons termes, il n’en reste pas moins un souci pour Adèle puisqu’il est à l’origine de son stress post-traumatique. Dès lors, la série développe brillamment – en parallèle – la façon dont les relations amoureuses nous impactent sur le long terme, la prise de conscience d’une rupture sur le psyché et comment vivre avec.

Conclusion

Irrésistible dégage beaucoup de candeur, d’innocence et de spontanéité. Il y a tout ce qu’on aime dans une comédie romantique et plus encore. Camélia Jordana et Théo Navarro-Mussy cultivent un duo juste et convaincant. Une réussite qui vaut aussi par sa réalisation millimétrée, sa direction artistique vivante et éclatante, et son écriture qui transforme les clichés dans une parfaite retranscription de la complexité de l’amour, en y conservant l’essence d’un béguin : naïveté, simplicité et frivolité.

Irrésistible, dès le 20 septembre sur Disney +.

Mon interview avec la créatrice de la série, Clémence Madelaine-Perdrillat et la réalisatrice Laure de Butler est à retrouver ici.

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