Camille de Castelnau nous embarque au sein d’une famille névrosée et conflictuelle, dont la vie est chamboulée après qu’un de leurs proches est atteint d’une maladie grave. Un combat pour la vie, l’espoir et l’acceptation s’engage tandis que la peur, le doute, l’incertitude, l’espérance, s’immiscent dans les veines de personnages tragiques et mélancoliques.
Avec « Tout va bien », Camille de Castelnau livre une partition familiale bouleversante, où la vie, la mort, le deuil et la beauté des sentiments s’allient dans un tourbillon de conflits, de rencontres et de miracles aussi salvateurs que rédempteurs.
Synopsis :
Le quotidien d’une famille ordinaire, donc forcément névrosée et conflictuelle, confrontée à la maladie grave de l’un de ses enfants. Anne, la matriarche de la tribu Vasseur, auteure à succès de livres de développement personnel, est confrontée à un #metoo qui touche son éditeur et amant. Son mari Pascal cherche sa place auprès de cette femme qui en prend beaucoup. Claire, très impliquée et perturbée par la maladie de sa nièce, doit aussi tisser des liens avec la fille de son compagnon Antonio, dont l’ex-femme ne leur fait pas de cadeaux. Marion essaie de maintenir à flot sa vie de famille avec Stéphane et de supporter la maladie de sa fille Rose en s’échappant dans une relation avec Louis. Quant à Vincent, le frère de Claire et Marion, steward d’apparence détaché de tout, va se prendre la réalité de la vie de plein fouet.
Rose est atteinte d’une maladie grave. Âgée d’à peine 10 ans, sa vie n’est qu’une succession d’allers-retours entre la maison et l’hôpital, entre l’espoir et la désillusion, à la fois pour elle mais aussi pour sa famille. Une famille dont la vie s’articule désormais autour de Rose, au détriment de toute vie familiale, sentimentale et professionnelle. C’est ce que nous raconte « Tout va bien », la difficulté de conjuguer une vie quotidienne à cette maladie et les angoisses liées à la mort et à la perte éventuelle d’un être cher, la façon dont cela impacte psychologiquement toute une famille.
Parents, grands-parents, oncle et tante, petits.es amis.es, Camille de Castelnau et ses scénaristes ont constitué un cercle autour de Rose aussi fragile qu’à fleur de peau, que ce drame va donc mettre à rude épreuve. Pourtant, ce drame va les révéler. Une galerie de personnages magnifiques, romanesques, comme la télévision sait le faire, mise en scène dans toute leur humanité, dans toute la splendeur de l’Homme, dans tout ce que constitue la magnificence de l’être humain. Leurs failles, leurs erreurs, leurs mensonges, leurs tromperies, leur amour les uns envers les autres et leurs coups de gueule sont beaux, sincères, touchants, sublimes. Et c’est peut-être en ça que « Tout va bien » est un véritable drame social humain, parce que la série perçoit toutes nos faiblesses intérieures et les transforme en une narration dramatiquement passionnante et poignante. Elle n’omet rien de nous, elle assume ce que nous sommes. Ses personnages nous ressemblent, et l’impact émotionnel n’en est que plus vif.
De ce drame, d’autres difficultés naissent et s’agrippent fiévreusement aux héros de la série. En effet, « Tout va bien » développe quelques intrigues secondaires : rencontres amoureuses, trame à l’ère #MeToo, divorce et garde d’enfants. Là encore, toujours avec l’objectif de faire de ce récit, un mélodrame qui pourrait se dérouler dans notre réalité. Des tragédies certes, sont alors exposées, mais également des purs instants de grâce, d’amour, de fraternité, d’entraide et de bonne humeur. Dès lors, et comme il est dit dans la série par certains protagonistes : « Tout va bien se passer ». « Tout va bien » deviendra alors un mantra, une sorte de méthode Coué afin d’affronter la douloureuse vérité des événements et continuer la lutte, pour soi et mais aussi pour les autres.
Parce qu’abandonner serait s’adonner à la facilité, les personnages se débattent alors comme des beaux diables. Ils tiennent bon, coûte que coûte, dans un monde injuste où les enfants tombent malades, peuvent mourir, sans avoir goûté à toute la poésie de la vie.
L’environnement hospitalier est souvent un lieu morbide. Pourtant, les scénaristes ainsi que les réalisateurs de la série en ont fait un lieu plein d’espoir, un endroit vivant alors que la faucheuse y règne, y traîne ses pattes attendant l’opportunité de saisir le dernier souffle d’un patient. Outre le personnage-clown incarné par Mehdi Nebbou (Louis) qui apporte une luminosité à la vie de Manon (Sara Giraudeau), l’hôpital dégage alors une atmosphère de sérénité, de bienveillance, de désir de vivre, une fureur de vaincre. Car oui, que ce soit la petite Rose ou les convictions fortes de certains protagonistes tels que la grand-mère interprétée par Nicole Garcia, il y a une volonté farouche de ne pas se laisser abattre par un destin qui a déjà tracé votre route. La série vous embarque alors dans un torrent d’émotions, où l’on valse d’une espérance folle à une désillusion absolue, à l’image des personnages. « Tout va bien » est une série difficile, qui n’épargne personne, se joue de nous, entre rire et émoi. Une valse incessante entre le sourire d’un temps heureux et les larmes d’un terrible intervalle.
Virginie Efira et Sara Giraudeau, femmes du monde
En tête d’affiche de « Tout va bien », deux comédiennes aux talents immenses : Virginie Efira et Sara Giraudeau. Deux actrices rares qui ont, à plusieurs reprises, incarné des femmes du quotidien avec une parfaite authenticité. Sara Giraudeau touche en plein cœur avec ses regards déprimés, parfois vides de tout espoir, avec ce visage empli de tristesse dans les moments dramatiques intenses et ces rictus, ses éclairs de joyeuseté, dans les moments de répit lorsqu’elle tombe dans les bras de son amant, Louis (Mehdi Nebbou), clown à l’hôpital, et qui compte parmi les séquences les plus belles de la série.
De son côté, Virginie Efira continue de nous charmer avec ce rôle de belle-mère, tiraillée entre une vie de couple délicate et sa petite-nièce suspendue entre la vie et la mort. Virginie Efira a une douceur dans l’œil et une aptitude à se libérer de la conformité du jeu pour livrer une interprétation intimiste d’une grande véracité.
Dans cette famille, n’oublions pas Nicole Garcia (Anne), impeccable en mère légèrement égocentrique ou Aliocha Schneider, extrêmement touchant dans le rôle d’un tonton sujet aux crises d’angoisse depuis le cancer de sa nièce. On regrettera la présence trop légère de Bernard Le Coq (Pascal), le mari d’Anne, qui ne peut jamais vraiment s’affirmer et refoule une partie de ses sentiments. Un parti pris qui permet difficilement de cerner les pensées de ce personnage, toujours en retrait, pourtant émouvant dans sa nonchalance et sa pudeur. C’est peut-être le seul défaut de la série, les intrigues secondaires et les relations entre certains personnages parfois peu développées : les tromperies d’Anne ne sont jamais réellement abordées, les accusations d’agressions sexuelles de l’éditeur d’Anne n’ont jamais vraiment d’impacts et, le père de Rose, Stéphane (Yannik Landrein), est assez absent, malgré des séquences fortes, où le comédien séduit par sa justesse.
N’oublions pas la comédienne Angèle Roméo, qui incarne Rose, incroyable de luminosité et transperce l’écran par sa finesse et sa précision.
De toutes ces interprétations puissantes, les réalisateurs en captent toute l’essence. L’infini d’un regard, la séduction d’un sourire, l’amertume d’une larme, le tremblement triste d’une voix accablée, l’éclat d’un geste tendre, la simplicité des joutes verbales, la cruauté d’un mensonge, les caméras se saisissent de chaque action pour en transcender à l’image, toute la générosité et la pureté, toute l’austérité et toute la dureté.
Conclusion
Série à la chaleur humaine saisissante, « Tout va bien » a l’élégance des grandes productions télévisuelles. Portée par des comédiens et des comédiennes exceptionnels, la nouvelle création de Camille de Castelnau nous convainc, si cela était nécessaire, que la fiction française peut atteindre des sommets lorsque l’écriture épouse la réalisation avec talent et intelligence. Une série formidable sur l’espoir et la complexité de la vie humaine ou quand un drame repousse les limites de l’empathie.
« Tout va bien », dès le 15 novembre sur Disney +.
Casting : Virginie Efira, Sara Giraudeau, Aliocha Schneider, Angèle Roméo, Nicole Garcia, Bernard Le Coq, Yannik Landrein, Eduardo Noriega, Mehdi Nebbou…