C’est la grande gagnante de la 25ème édition du Festival de la Fiction de La Rochelle, la série « Follow » s’apprête à débarquer sur le petit écran et à vous entraîner dans les méandres d’un thriller angoissant. Réalisé par le talentueux Louis Farge et porté des comédiens brillants à l’image de Marie Colomb et Vincent Heneine, « Follow » n’est pas qu’un simple polar, il interroge aussi notre rapport aux réseaux sociaux, à l’hyperconnectivité, la dangerosité des technologies novatrices et des nouvelles intelligences.
Synopsis :
Léna, 28 ans, community manager, vient d’intégrer le département communication de la Préfecture de police de Paris qui cherche à moderniser son image. Au même moment, un tueur en série sévit dans la capitale. La commissaire Agathe Ruffin est en charge de l’enquête. Le tueur utilise les réseaux sociaux pour déstabiliser la police, attirant ainsi l’attention de Léna. Grisée par l’adréaline, elle s’embarque alors dans un jeu dangereux en acceptant de communiquer avec lui. Léna saura-t-elle se libérer de l’emprise de ce tueur énigmatique avant que la toile qu’il tisse ne se referme sur elle ?
Follow, un polar glaçant
Un serial killer à la télévision, en voilà une histoire pas banale. Pensez-vous ? Avec « Follow », les scénaristes Sophie Dab (J’ai tué mon mari), Florian Spitze (Lycée Toulouse Lautrec), Blanche Bigot (Superpapa) et Delphine Chouraqui (Meurtre à…) réinventent le polar noir. En tissant une intrigue policière complexe, shootée aux réseaux sociaux, « Follow » innove. Elle se saisit de tous les outils modernes pour construire une narration perturbante, un labyrinthe narratif extrêmement difficile à cerner et caractériser un serial killer insaisissable. Un véritable fantôme informatique, à la poursuite d’une vengeance implacable.
Bien entendu, ce n’est pas la première fois qu’un tueur en série se sert des technologies de son époque pour tromper la police, mais « Follow » parvient à aller plus loin, se servant de tous ces éléments pour mettre à mal une héroïne accablée par ce harcèlement quotidien, à nous plonger dans l’intimité de Léna, dans ses émotions profondes et son épuisement physique et psychologique, à s’introduire insidieusement dans la tête du spectateur, avec cette intrigue où il devient impossible de discerner le vrai du faux, l’authentique de la tromperie, la véracité d’un propos du mensonge. De là, elle nous offre une vraie leçon sur notre rapport à la consommation des réseaux sociaux aussi fluide qu’irraisonnée. « Follow » est alors peut-être la première série française de son genre à interpeller sur le risque néfaste des réseaux sociaux, des fake news, et autres dérives liées aux technologies au sein d’un thriller noir particulièrement intelligent.
À la réalisation de « Follow », nous retrouvons le jeune cinéaste Louis Farge. Celui qui a notamment fait ses premières armes du côté du Studio Bagel, n’est pas un étranger à la famille 13ème rue. En effet, il était déjà à l’œuvre sur « Cuisine Interne », qui fut d’ailleurs, elle aussi, nommée au Festival de la Fiction l’an passé. Si les deux séries sont différentes, on y retrouve néanmoins la même charte graphique des productions de la chaîne, avec cette image grise et cette atmosphère oppressante. Louis Farge s’empare une nouvelle fois de ces codes pour donner au récit de « Follow » une force démesurée, où le poids du serial killer est omniprésent, et un caractère anxiogène d’une puissance inouïe.
Outre cette tension permanente qui écrase tout sur son passage, la série a également cette tendance fâcheuse à brouiller les pistes, à mener en bateau les forces de l’ordre comme le spectateur. Cela, Louis Farge s’en amuse à travers une mise en scène troublante – chaque personnage paraît suspect sous son objectif – accentuée par la musique d’Edouard Rigaudière et Anthony d’Amario, à la fois inquiétante et qui participe à la confusion des sensations éprouvées.
Louis Farge parvient toutefois à s’émanciper des codes éditoriaux de 13ème rue, en se les réappropriant et en proposant des envolées lyriques, magnifiques et musclées, telles que les regards profonds de Marie Colomb en plan fixe, que même la poésie n’aurait su écrire, ou des séquences intenses, comme cette descente de police dans les catacombes parisiennes.
En tête d’affiche, 13ème rue a misé sur la brillante Marie Colomb, révélation de ces dernières années, sensationnelle dans As Bestas et touchante dans le dernier film de Frédéric Mermoud, « La Voie Royale », sorti plutôt cette année, où elle incarnait une jeune étudiante en fac de Mathématiques, éprise de liberté. Dans « Follow », elle livre une prestation à fleur de peau d’une grande exigence. De ses regards mélancoliques, Marie Colomb confirme son statut d’actrice généreuse. Ses émotions sont sincères, sa peur est viscérale, ses doutes vivants. Elle ne triche pas, ne puise jamais dans une fausseté gratuite. Ce qu’elle subit, elle le vit vraiment, intensément.
Mais c’est également une histoire de confiance entre un comédien et un réalisateur. En effet, Louis Farge capte toute la beauté du jeu de Marie Colomb et les traduit à l’image par une impulsion purement cinématographique, qui combine interprétation et réalisation de façon organique.
Conclusion
Authentique polar aux références des thrillers américains des années 80-90, « Follow » a néanmoins cet aspect moderne terrifiant. En utilisant des outils numériques du XXIème siècle au cœur d’une enquête policière, la série devient un challenge, une énigme à résoudre, dont la seule ambition est de ne jamais donner les clés à ses personnages (et aux spectateurs) pour démêler l’origine et les conséquences de cette course-poursuite hallucinante. Une réussite !
Mon interview avec le réalisateur Louis Farge et les comédiens Marie Colomb et Vincent Heinene est à retrouver ici.
« Follow », dès le 26 novembre 13ème rue.
Casting : Marie Colomb, Vincent Heneine, Marilyne Canto, Nathan Douglas, Daniel Njo Lobé, Philypa Phoenix, Oscar Copp, Jean-Michel Lahmi, Arthur Mazet…
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