[CRITIQUE] – 38°5 QUAI DES ORFÈVRES : UNE ENQUÊTE SOUS HAUTE-HILARITÉ

Grand Prix du Festival de l’Alpe d’Huez l’an passé, 38°5 Quai des Orfèvres est déjà la comédie de l’été. Le réalisateur Benjamin Lehrer met en scène une enquête loufoque, au cœur du célèbre Quai des Orfèvres. Tueurs en série et déguisements, personnages hauts-en-couleur et bras cassés, dialogues et situations absurdes, le film est une franche partie de rigolade. Plongez dans une chasse à l’homme aussi délirante qu’abracadabrantesque.

Une comédie d’orfèvres

Clarisse Sterling (comme la livre ?), incarnée par Caroline Anglade, est la nouvelle recrue du Quai des Orfèvres. Elle rejoint le service du légendaire commissaire Keller (Didier Bourdon), bien décidé à suivre les pas de ses aïeux, tous d’anciens policiers brillants et adulés. À peine arrivée, la jeune flic se retrouve confrontée à deux tueurs en série : le Ver(s) Solitaire, psychopathe laissant des comptines pour enfants comme seul indice sur les lieux de ses crimes, et le Docteur Morvick (Pascal Demolon), emprisonné, qui l’épaulera dans son enquête. De là, Benjamin Lehrer tisse tout un univers, très inspiré, et une galerie de personnages ambitieux, totalement déconnectés de la réalité. Du médecin légiste sans une once de déontologie au suspect à couette, en passant par l’informaticienne déjantée et le flic benêt, chaque personnage est parfaitement caractérisé pour servir la comédie et provoquer le rire.

On y retrouve ensuite le sel des comédies absurdes, et j’insiste sur le mot absurde, entre joutes verbales à base de quiproquo, de jeux de mots et de répliques décalées, sans rapport les unes aux autres. Un côté Kaamelott à certains égards. Puis, le cinéaste enrobe sa comédie de situations ubuesques, absolument délicieuses, avec de vraies petites trouvailles inédites, singulières et originales.

Surtout, le film n’oublie jamais les gags visuels. Trop souvent, les comédies se reposent sur des vannes plus ou moins bien placées et quelques situations à peine comique. 38°5 Quai des orfèvres possède une série de gags visuels hilarants, qu’ils soient réalisés/provoqués par les personnages eux-mêmes (les roulades de Keller dans la forêt, l’ouverture des portes et le contenu des pièces dans la maison abandonnée) ou un simple élément de décor (le mur de la prison, les portraits des Keller…). Bejamin Lehrer pousse ici les curseurs au max. Il s’autorise tout, ne se refuse rien, et c’est ce qui rend le film particulièrement inattendu. Car, à aucun moment, nous ne savons la manière dont les séquences comiques vont se conclure. Et lorsqu’on croit que la dernière blague est lancée, que le dernier gag nous a été dévoilé, le réalisateur en rajoute une couche pour venir achever sa séquence dans une apothéose de folie (souvent) gratuite mais jouissive.

N’ayez crainte, Bejamin Lehrer parvient toujours à trouver le bon tempo pour ne pas basculer dans une overdose de bêtises, dans une surenchère de sketchs illogiques ou inutiles. Une écriture millimétrée, subtile et intelligente, avec l’objectif d’aller chercher le rire. Une comédie conçue comme un bijou d’orfèvrerie, aiguillée aussi par des références cinématographiques alléchantes.

Un doux petit agneau ?

Dans son schéma narratif, Benjamin Lehrer s’appuie également sur les hommages. Pour résoudre son enquête, Clarisse Sterling se frotte à un autre tueur en série, le terrible Docteur Morvick, amateur de chouquettes et autres sucreries, emprisonné par le commissaire Keller quelques années plus tôt. Cela ne vous rappelle rien ? 38°5 Quai des Orfèvres rend un hommage (comique et extrêmement réussi) au film de Jonathan Demme, Le Silence des Agneaux. À l’image de l’agente du FBI Clarice Starling (notez aussi la référence au niveau des noms) qui se confronte à l’énigmatique Hannibal Lecter, Clarisse Sterling se confronte, elle, à Morvick, pour résoudre les meurtres du Ver(s) Solitaire. Interprété par Pascal Demolon, le comédien est absolument succulent en psychopathe manipulateur, lequel conserve sa bonhomie burlesque en y ajoutant une petite voix grave afin d’offrir à son personnage une belle caricature du tueur froid et mystérieux.

Conclusion

Comédie délicieuse, 38°5 Quai des Orfèvres est un authentique cirque cinématographique: délirant, jubilatoire et enthousiasmant. L’écriture y est certes pour beaucoup mais ne serait rien sans le talent de ses comédiens et comédiennes. Car la comédie, c’est une question de timing. Caroline Anglade, Didier Bourdon ou encore Artus font un travail admirable de précision, de justesse, à la fois leurs interprétations et dans la manière de lancer leurs répliques, qui transcendent parfois la simple comédie.

Notons également l’excellent travail du directeur de photographie Matthieu-David Cournot, allié au talent du réalisateur Benjamin Lherer, qui parviennent ensemble à offrir à cette comédie, un spectacle atypique, vivant et coloré. Il s’y dégage une atmosphère récréative incroyablement fun par ses cadres mi-théâtral / mi-polar, par sa décoration rigolote et ses couleurs chatoyantes, appuyées par un étalonnage que l’on voit peu dans les comédies françaises.

Mon interview avec le directeur de la photographie Matthieu-David Cournot est à retrouver ici.

38°5 Quai des Orfèvres le 21 juin au cinéma.

Synopsis :
Panique quai des Orfèvres ! Un tueur en série, surnommé le Ver(s) Solitaire, sème des alexandrins sur des scènes de crime, causant terreur et confusion. Clarisse Sterling, une jeune enquêtrice enthousiaste, se voit confier cette affaire sous la supervision du légendaire commissaire Keller. Armée de 200 g de chouquettes et d’un bel ananas bien placé, Clarisse doit jongler entre les bras cassés de la brigade criminelle et des énigmes tordues pour démasquer l’assassin… La mission impossible ne fait que commencer.

3 commentaires sur “[CRITIQUE] – 38°5 QUAI DES ORFÈVRES : UNE ENQUÊTE SOUS HAUTE-HILARITÉ

  1. Vu hier soir Le film est navrant Tous les gags tombent à plat et les situations qui à l écriture pourraient être drôles ne le sont jamais Grand prix au festival de l Alpe d Huez je me demande quels étaient les autres films en lice

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