FESTIVAL DE CANNES 2019 / MATTHIAS ET MAXIME : UNE BELLE INVITATION MAIS…

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – MATTHIAS ET MAXIME * SANS SPOILERS *

Un film, ce n’est pas qu’une idée. Vouloir aborder un thème, qu’il soit politique, environnemental, économique ou sociétal et survoler les sujets sans confronter, sans bousculer les enjeux de sa production, l’histoire ou ces personnages, n’offre qu’une vision limitée du cinéma et de ses objectifs. Matthias et Maxime, c’est exactement ça. Un scénario classique, lequel n’évolue jamais réellement et finit par être une coquille vide, sans âme, où les sujets importants sont survolés, comme l’était d’ailleurs le dernier des frères Dardenne, également en compétition officielle du 72ème Festival de Cannes, Le Jeune Ahmed.

Soporifique

Matthias et Maxime était une belle invitation sur le papier, à l’écran, le film se révèle rapidement ennuyeux, criard (il y a beaucoup de scènes de rigolades entre potes, de chamailleries, où tout le monde parle en même temps, également très excluantes pour le spectateur) mais surtout, ça ne raconte absolument rien. La structure narrative enchaîne, pour les 3/4, les tranches de vie de Matthias d’un côte et Maxime de l’autre, rythmée par des séquences inutiles, lesquelles rendent le récit terne et soporifique. Xavier Dolan présente donc un Matthias en plein doute sur ses sentiments (à son travail, où il passe le plus clair de son temps à penser à Maxime) et un Maxime, qui poursuit sa vie avec les problèmes qu’elle impose et notamment la relation difficile entre lui et sa mère. Cependant, le cinéaste ne propose en aucun cas une dimension plus intimiste de cette relation, succession de conflits sans intérêts, où les origines et les enjeux d’un drame familial sont supplantés par des banalités insignifiantes et, qui contribue, à cette sensation que le film se préoccupe peu de ses personnages et de leurs histoires. Au demeurant, la sous-intrigue entre Maxime, sa mère et son frère, totalement absent, n’a aucune conclusion narrative, si une preuve supplémentaire d’un manque de rigueur dans l’écriture et la composition scénaristique du film, où les protagonistes ne sont que des faire-valoir au service du cause, elle-même dépossédée par une trop grande simplicité stylistique. En effet, il y avait là une occasion d’aborder les thèmes de l’homosexualité, de l’acceptation, de la différence, au travers une histoire d’amour affectueuse et authentique, afin d’accompagner certains jeunes n’osant pas franchir le cap par peur d’être jugés et les conforter dans l’idée qu’on ne choisit pas l’être aimé selon son sexe, mais selon son cœur et que la beauté se trouve dans la pureté des sentiments qu’importe qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme et non pas dans la méfiance et le doute, qui pourrissent, corrompent, nos valeurs.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Malgré la chaleur humaine que dégage Matthias et Maxime ainsi que l’interprétation des acteurs Gabriel d’Almeida Freitas et Xavier Dolan touchante, le film du réalisateur québécois est assez flemmard. Dolan empile les séquences futiles, sans jamais leur donner une vraie raison d’exister, une once de profondeur et ne prend jamais aucune décision forte à l’image de son dénouement final, lequel met en avant une simplicité qu’on peine à crédibiliser.

Loïc Marie pour ON’R RADIO

Crédit photo : Vanity Fair

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