LE REMPLAÇANT : DE NOUVEAUX ÉPISODES RÉALISÉS PAR JULIEN SERI (INTERVIEW)

Ce 17 octobre, TF1 diffusera les deux nouveaux épisodes de la série « Le Remplaçant », toujours avec Joey Starr en tête d’affiche et dans le rôle de Nicolas Valeyre, professeur de français aux méthodes pédagogiques bien particulières. Pour mettre en image les épisodes 7 à 10 de la saison une, Julien Seri (Night Fare, Yamakasi…) prend la suite de Nicolas Guicheteau. Une merveilleuse idée pour cet amoureux du 7ème art, dont l’image est la principale obsession.

Dans cet entretien, le cinéaste dévoile ses ambitions visuelles et artistiques pour la réalisation de ces nouveaux épisodes, sa manière d’appréhender l’histoire et le casting et se livre sur son amitié avec Joey Starr.

Julien Seri, le remplaçant

« Je connais Joey Starr depuis que j’ai 12 ans. C’est un vieux pote. Cela faisait des années que nous voulions travailler ensemble. C’était le moment idéal, le projet idéal. Une proposition que je ne pouvais pas refuser. C’est le réalisateur Nicolas Guicheteau qui m’a contacté pour prendre la relève. Didier (Joey Starr) était évidemment pour. Tout simplement. Disons que ça part d’une envie commune. […] Ce qui me plaisait aussi c’était le casting, que ce soit les gamins, les comédiens.nnes adultes (Stéphane, Amel, Barbara, Armelle…) et puis l’histoire de ce professeur rebelle qui sied parfaitement à Didier. Il y avait d’ailleurs ce côté irrévérencieux dans la série que je voulais garder et même accentuer » confie Julien Seri sur ses motivations à rejoindre le projet et à diriger les épisodes 7 à 10 de la série « Le Remplaçant ». Pour ces nouveaux épisodes, Julien Seri s’est interdit de tout renouveler, de tout changer. L’essence de la série est conservée comme son identité. Néanmoins, le réalisateur a imposé quelques-unes de ses ambitions pour y ajouter de son caractère et du cachet à l’image : « J’ai essayé d’y apporter mon regard, à savoir du dynamisme, de l’émotion, et un côté comédie peut-être plus clinquant. Quand je suis arrivé, je me suis dit qu’il fallait que l’image pète davantage, que ce soit plus drôle et les confrontations plus frontales. Je voulais aussi des décors plus spectaculaires. Mais toujours en respectant le travail fait auparavant par Nicolas et ses équipes. Moi, je ne suis qu’un réalisateur invité, invité à participer à une aventure qui a déjà ses propres codes. Il faut se les approprier et, sans les changer du tout au tout, apporter sa patte. C’est un super exercice car on travaille sur l’humilité. On est au service de la série. Ensuite, j’ai tenté d’amener une lumière plus intéressante, des axes plus intéressants, plus de mouvements de caméra, oui, plus de dynamisme. C’est réellement la clé et le ton que je voulais donner à cette série ». Effectivement, la série s’offre une nouvelle dynamique, notamment à travers des joutes verbales intenses et percutantes, ainsi qu’un humour plus démonstratif et vif : « C’est une série tournée beaucoup caméra à l’épaule afin de conserver l’énergie. L’énergie des gamins, l’énergie de Didier, que je souhaitais retranscrire à l’image. Je suis ne suis pas connu pour mes comédies mais il fallait ramener cette énergie qui permettait aux acteurs de se lâcher en terme d’humour ».

L’aspect comique repose en grande partie sur les comédiens Sébastien Chassage, professeur maladroit et naïf, et de Stéphane Guillon, toujours dans les sales coups, lesquels finissent en permanence par se retourner contre lui. Deux éléments comiques qui se confrontent parfois à l’attitude brute de Nicolas Valeyre. Julien Seri explique sa vision de la comédie : « Ce n’est pas plus difficile de filmer la comédie que l’action. La comédie tient sur le rythme. C’est un ping-pong entre les acteurs, comme une partition musicale. Il doit y avoir des montées et des descentes. Avec des temps morts vraiment légers. C’est identique à l’action. […] La comédie comme l’action se créent à partir des ruptures. Et les acteurs sont tellement bons. […] La comédie repose en effet sur ces 2 personnages, leur trio avec Valeyre, mais les jeunes apportent aussi beaucoup d’humour et de décalage. Et on s’est régalé. La comédie apportait une bonne ambiance sur le tournage ».

Image : Joey Starr et Stéphane Guillon, vont-ils s’aimer un jour ?
Crédit photo : Julien Cauvin/Exilene Films/Black Dynamite/TF1

L’ambiance, Julien Seri en parle avec enthousiasme. Un tournage plaisant qu’il gardera comme un précieux souvenir : « Lorsque je suis arrivé, personne ne me connaissait vraiment. Même si la plupart des jeunes étaient fans de mes films. Tout le monde connaissait Yamakasi ou Scorpion et même Night Fare. J’ai été accueilli chaleureusement. Que ce soit par les acteurs que par l’équipe. Je pense qu’ils ont apprécié mon énergie, parce que moi je tourne vite. Je fais en sorte que les acteurs ne prennent pas trop de temps entre les prises. Avec Didier, ce fut un plaisir au quotidien. On se marrait. C’était un tournage où l’on se vannait. Didier est grande gueule. Quand il arrive sur un plateau, tu sais qu’il arrive (rire). Mais il est d’un professionnalisme incroyable. Dès que tu dis « moteur ! », il redevient son personnage. C’est un vrai camarade de jeu. Il met l’ambiance, il est taquin. C’est un acteur instinctif. C’est une boule d’énergie, de vie, de positivité et il est d’une gentillesse rare, d’une grande bienveillance. Quand ce mec est dans ta vie, tu sais que tu pourras toujours compter sur lui. Il n’a pas encore tout montré en tant que comédien. […] J’ai tourné 40 jours, et la fête de fin de tournage a été à l’image de ces 40 jours, amicale ».

Nouveau décor, autre ambiance

Suite à un incendie au lycée Pierre-et-Marie Curie, Nicolas Valeyre et ses élèves se retrouvent plongés dans un univers hors du temps, le lycée Alexandre Dumas, un lycée prestigieux où seul l’élite y est admise.

Un environnement que Julien Seri et son équipe ont pensé, réfléchi et que le réalisateur a dû s’approprier pour l’intégrer à l’image de la plus belle des façons : « Il fallait trouver un lycée qui soit à l’exact opposé de celui dans lequel évoluaient avant les élèves et les professeurs. Je voulais quelque chose de très parisien, très haussmannien, de très beau, de très luxueux. Ça permettait d’avoir ce face à face de classes et un vrai contraste. […] Avec ce décor, nous pouvions vraiment travailler avec les arcades, avec la pierre. Nous avons essayé de rester seulement dans les parties anciennes. C’est un magnifique endroit, très inspirant pour la caméra. Mon souhait était de montrer toute la grandeur et la splendeur de ce lieu. Nous devions d’ailleurs réaliser quelques plans au drone, mais nous n’avons pas eu l’autorisation de la Mairie à la dernière minute. C’est dommage, j’aurais adoré filmer ce lycée vue du ciel ».

Image : sur le tournage de Le Remplaçant. L’équipe prend possession du nouveau décor.
Crédit photo : Fanny Florido

Dans ces deux nouveaux épisodes, c’est en effet la rivalité entre les deux lycées qui seront au cœur de l’intrigue. D’un côté, l’élite, incarnée par des « gosses de riches » aux préjugés malsains et, de l’autre, des enfants de classe populaire, composés par la mixité, qui ont tout autant de préjugés sur leurs camarades d’en face. Des rivalités qui iront jusqu’aux professeurs. Nicolas Valeyre sera confronté à la vision archaïque du directeur incarné par Thierry Neuvic dont Agnès (Barbara Schultz) est aussi l’ex-femme. Des oppositions de classes et amoureuses qui ont inspiré Julien Seri dans sa réalisation : « J’ai adoré traiter le face à face entre Joey et Thierry Neuvic. J’ai voulu les traiter comme deux mâles alphas qui se disputaient la même femme. […] Pour le reste, c’est « West Side Story ». Dès qu’il y a une confrontation, c’est cinématographique. Le conflit est cinématographique. Tous les grands films sont basés sur ça. Nous devions créer ce grand conflit, dès le départ, pour mieux créer leurs retrouvailles. La scène finale, sans spoilers, est sublime. Nous voulions vraiment avoir ce genre de décor (la Mairie). J’ai pu filmer les plafonds, la qualité du bois, du marbre, c’était génial. Puis, il fallait placer Joey Starr ici, que l’image qu’on a du rappeur rebelle se retrouve dans cet endroit magnifique et qu’il joue avec les mots. Je voulais ce contraste. J’ai fait de mon mieux pour ramener de l’image dans cette scène. C’était mon challenge ».

Les profs prennent le pouvoir !

Depuis quelques années, une tendance se dégage. La fiction française donne une place importante aux professeur.e.s. La Faute à Rousseau, L’École de la Vie ou Le Remplaçant, des séries autour de l’Éducation Nationale qui insufflent un regard singulier et nécessaire sur les difficultés du métier de professeur, les difficultés auxquels sont confrontés les jeunes adolescents et offre des perspectives joyeuses sur la pédagogie à adopter. Si ce n’est que de la fiction, cette tendance galvanise et la mise en scène de professeurs décalés et originaux séduit. Ce succès, Julien Seri l’explique :

« Notre Éducation Nationale va très mal. Les résultats sont de pire en pire chaque année. Et l’Éducation Nationale est un sujet de société. La violence, aussi. Hier encore, je voyais un adolescent se faire frapper devant un lycée, tous les jours par d’autres jeunes. Avec un professeur comme Joey Starr, ils ne se permettraient pas une telle attitude. Aujourd’hui, les professeurs ferment les yeux. Cela veut dire que les professeurs n’ont plus d’autorité. Je pense qu’on a envie de retrouver une Éducation Nationale forte et puissante avec des valeurs. J’ai des fils, et c’est vrai que c’est important de parler de tout ça. Si avec ce type de fictions on peut faire passer quelques messages, je trouve ça super. D’ailleurs, l’idée de la série et de ce professeur rebelle vient de Didier. J’aurais aimé avoir ce type de professeur qui ose, qui n’a peur de rien. Moi qui était mauvais à l’école, je l’aurais sûrement appréciée davantage avec un professeur comme lui ».

Image : Julien Seri en pleine action.
Crédit photo : Fanny Florido

Les épisodes 7 et 8 seront diffusés le 17 octobre sur TF1.

Quelques photos du tournage offertes pas Julien Seri et photographiées par Fanny Florido :

1 commentaire sur “LE REMPLAÇANT : DE NOUVEAUX ÉPISODES RÉALISÉS PAR JULIEN SERI (INTERVIEW)

  1. Julien Seri est un très grand réalisateur : d’une simplicité rare et d’une gentillesse absolue .Il ne se sépare jamais de son grand sourire et de son enthousiasme / Quand à son équipe qui l’entoure : extraordinaire ! . Les acteurs (rices) sont des crèmes et d’une patience absolue pour tourner parfois quelques scénes difficiles. J’ai eu la chance d’être figurante et reste marquer par cette ambiance bon enfant où le sérieux se mélangeait avec de l’humour et de grands éclats de rire . Chapeau à tout le Monde et hâte de voir les épisodes* à venir. (* 17 octobre 2022) Tarra

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