VENOM : LES CRITIQUES ONT-ELLES TORT ?

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – VENOM * SPOILERS *

Venom, c’est un projet qui remonte à juillet 2007, alors que la première apparition du super-vilain dans Spider-Man 3, quelques mois plutôt, fut vivement critiqués par les fans du personnage.
Pendant plusieurs années, une flopée de scénaristes vont, malgré tout, entreprendre l’écriture d’un script, à la demande des dirigeants de chez Sony. Cependant, l’échec de The Amazing Spider-Man : Le Destin d’un Héros à l’été 2014, va venir compromettre le désir du studio de créer un univers partagé.
Au début de l’année 2016, la communauté geek est en émoi. En effet, les droits du célèbre Tisseur crée par Stan Lee et Steve Ditko retournent à Marvel Studios, qui pourront, dans la foulée, intégrer le super-héros le plus aimée au monde, à l’intrigue de Captain America :
Civil War. On pensait alors que Sony allait abandonner cette idée d’univers partagé, mais, qu’à cela ne tienne, la décision est prise, Venom sortira en 2018, ainsi qu’une ribambelle de spin-off liée à l’univers de l’homme-araignée, sans pour autant être réellement rattachée à celui de Marvel Studios. Oui, c’est compliqué !

Le projet est lancé et les fans sont assez emballés par l’idée, même si un film Venom sans Spider-Man, n’a que peu d’intérêt pour certains. Mais la nomination de Tom Hardy et le marketing précoce du film emballent le public, alors que les premières images de la super-production, au fil des mois, semblent peu à peu atténuer la hype des fans.
Récemment, en pleine promotion, Tom Hardy achevé l’engouement autour de Venom en affirmant, lors d’une interview, que Sony avait coupé 30 à 40 min de leur propre production, les meilleurs selon l’acteur. Aïe ! Et aujourd’hui, les critiques assassines de la presse US, notamment, leur donne raison. Alors, Venom est-il la catastrophe annoncée, un véritable carnage (un jeu de mots que beaucoup de journalistes apprécient) ? Réponse !

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On va être clair d’entrée de jeu, Venom est loin d’être une énorme catastrophe cinématographique, comme certains aiment le hurler sur tous les toits de Hussard, en le comparant parfois à Catwoman ou Fantastic Four qui sont, eux, pour le coup, de véridiques désastres. Cependant, le film de Ruben Fleischer est mauvais, et cela, c’est incontestable !

Cet échec peut s’expliquer par plusieurs raisons. La première, le choix des scénaristes et du réalisateur.
Au scénario, on retrouve les scénaristes Jeff Pinker (The Amazing Spider-Man : Le Destin d’un Héros, La Cinquième Vague, La Tour Sombre, Jumanji : Bienvenue dans la Jungle) et Scott Rosenberg (Kangourou Jack, Jumanji : Bienvenue dans la Jungle) et là,
vous commencez à voir où je veux en venir. 
On reprend le mec qui a signé la pire histoire de la franchise Spider-Man au cinéma (ça ne leur a pas servi de leçon ?) et, surtout, ceux qui sont à l’origine du succès surprise de Bienvenue dans la Jungle (production signée Sony bien sûr), afin d’ajouter à Venom, une bonne dose de rigolades. Mais voilà, l’humour omniprésent dans Venom ne fait que renforcer l’idée, petit à petit, selon laquelle le film n’a rien à raconter.
Le faux/vrai spin-off de Spider-Man :
Homecoming enchaîne effectivement les frasques humoristiques, seul moyen scénaristique pour combler un scénario vide d’enjeux et qui peine à offrir une histoire solide à son public. Évidemment, les blagues fonctionnent et on se surprend même à rire de certaines situations mais, ces rires, ont les culpabilisent rapidement. En effet, Venom n’est pas censé être un personnage comique, ni édulcoré, comme c’est le cas ici. On arrive donc à la deuxième raison pour laquelle Venom est un échec : la classification PG-13.
Avec le succès de Deadpool et Logan en R-RATED, je pensais sincèrement que les studios hollywoodiens se pencheraient davantage sur la question de la classification pour mettre en scène, dans le futur, ce type de personnages, qui réclament une attention toute particulière. Alors, pourquoi Venom est-il passé PG-13 ? J’ai peut-être la réponse à cette question. Après les premières projections tests, Sony, peu satisfait du résultat, aurait pu demander au réalisateur une version light, afin d’attirer plus de monde en salles et rentabiliser au maximum une production à laquelle il ne croyait plus (d’où les 30 à 40 minutes coupées dont parlait sûrement Hardy).
De ce fait, nous assistons à des scènes d’actions très formatées, où l’absence de moments gores et de séquences horrifiques laissent donc place à une succession de plans fades, parfois brouillons et sans ambitions artistiques.
Mais toute la faute ne revient pas qu’à Sony, le réalisateur Ruben Fleischer y est aussi pour beaucoup dans cet échec. Outre le fait que les têtes mangées par Venom ne soient jamais montrées à l’écran pour éviter de choquer le jeune public, la classification PG-13 ne veut pas dire qu’il faille proposer une mise en scène terne, avec un personnage si édulcoré. En étant un peu malin, on peut arriver à ajouter de l’horreur à un long-métrage en jouant, non pas sur un aspect volontairement trash, mais, sur une tension, en utilisant des techniques de réalisation affectant notre perception et nos sentiments. La scène où Venom est encerclé par des hommes des Forces Spéciales, par exemple, est un vrai gâchis. Les sensations d’angoisse et de peur ne figurent nul part (que ce soit dans la mise en scène ou le jeu d’acteurs des figurants) et les jeux de lumière ainsi que le cadrage ne viennent pas appuyer la terreur qu’est censée dominer la situation.

Quant à la séquence finale opposant Eddie Borck/Venom à Carlton Drake/Riot qui, outre sa pathétique durée de 5 min montre en main (et ne me dites pas qu’il n’y avait pas assez de budgets, arrivé sur le dernier quart d’heure du film), est une déception à tous les niveaux.
Mal éclairé, cadré, mal filmé, cet affrontement final n’est pas digne d’une super-production de ce genre, d’autant que les capacités des symbiotes, pouvaient largement offrir un duel légendaire, si le réalisateur avait eu ce petit grain de folie, caractéristique des grands cinéastes. 
Pourtant, tout n’est pas à jeter. La première scène d’action dans l’appartement d’Eddie Brock face aux hommes de main de Carlton Drake et la scène de course-poursuite qui s’en suit sont plutôt réussies, avec des idées très intéressantes. Malheureusement, Ruben Fleischer se contente toujours du strict minimum, sans jamais oser aller au-delà du satisfaisant.

Je parlais de vide scénaristique à l’instant et je rebondis donc, pour vous parler du scénario qui est un des gros points noirs du film.
Tout d’abord, les ambitions personnelles de Carlton Drake, interprété par Riz Ahmed. Le Elon Musk de chez Sony voudrait sauver le monde en colonisant l’espace, mais, en récupérant des symbiotes, s’aperçoit qu’il peut faire évoluer l’Homme, vers quelques choses de sublime. Le coup classique. Et puis finalement, après avoir été  » infecté  » par un des symbiotes, Riot, Drake se contentera de suivre bêtement son nouvel ami extra-terrestre.
Aucune profondeur dans le personnage, le film ne tente même pas de justifier ses actions avec plus de complexités afin que nous, spectateurs, puissions nous mettre à sa place et tenter de comprendre ses actions, voire même partager son avis et les engagements qu’il a pris. Ici, Carlton Drake est simplement réduit au méchant PDG froid et arrogant, qui veut se poser en défenseur de l’Humanité, en dépassant les limites et en finissant par devenir le méchant de l’histoire.
Quant à Riz Ahmed, il ne croit même pas à ce qu’il dit ou fait, comme s’il subissait un scénario à son image, plat.

Parlons des Symbiotes à présent. Objectif : coloniser la planète. Pourquoi ? Aucune idée.
D’où ils viennent ? Aucune précision.
Comment connaissent-ils La Terre et sont-ils arrivés jusqu’à nous (ce n’est pas hyper clair d’ailleurs) ? Aucune explication valable donnée.
Mais après tout, pourquoi se fouler à écrire des choses essentielles à la compréhension d’un récit, une introduction de 30 minutes sur la vie amoureuse de Tom Hardy, c’est tellement plus intéressant ! Non, c’est de l’ironie. C’est long et ennuyeux.
La production devait à l’origine s’ouvrir sur la Planète des Symbiotes et je me demande pourquoi avoir omis de préciser autant de détails, alors que Venom et Riot sont des personnages à part entière et semble avoir un passif. Connaître le background des protagonistes principaux ne devrait pas être évincé sous quelle prétexte que ce soit, car c’est l’essence même d’un film. Une présentation sert à s’attacher aux personnages, qu’ils soient gentils ou méchants, à détailler leurs motivations profondes et les enjeux auxquels ils vont devoir faire face. Mais sans ça, comment rentrer totalement dans un long-métrage ? Personnellement, avec autant d’impasses et d’incompréhension, j’ai eu énormément de mal à m’investir dans l’histoire qu’on tentait m’imposer.

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Le monde en a assez des super-héros, disaient-ils

Vraiment Sony ? Pourtant, en sortant de la salle, on a davantage l’impression que vous vouliez faire de Venom un super-héros, plus qu’un anti-héros (et non, ce n’est pas parce qu’il croque deux trois têtes, que cela fait de lui un anti-héros, c’est beaucoup plus complexe). Le changement de comportement de Venom est tout aussi ridicule et se déroule en une phrase :  » Finalement, je me plais bien ici et puis, je commence à t’apprécier « . Sérieusement ? D’un claquement de doigts, les scénaristes évincent toute la dualité psychotique qu’il y aurait pu avoir entre Eddie Brock et Venom, mais également décrédibilise un personnage en le rendant sensible et sincère. Ainsi né donc le pacte, on ne tue que les méchants. Les méchants comprennent donc un simple voleur de quartier ? C’est ça être un anti-héros, manger la tête d’un petit braqueur ? C’est totalement absurde et hors-propos. Le type aurait été un serial killeur ou un pédophile, je dis pas, ça aurait eu du sens, mais là… Heureusement que Le Punisher ne se met pas à tuer des enfants, qui volent des pommes sur le marché, sinon… Honnêtement, je crois qu’ils n’ont pas compris le sens du mot anti-héros. Et je ne parlerais pas du fait que Madame Chen, la gérante du magasin, ne semble pas du tout surprise par la transformation d’Eddie en Venom et le fait que ce dernier reparte sans ses frites.

Vouloir capitaliser sur un personnage, après le départ de Spider-Man de votre écurie, je peux le comprendre, mais si cela doit se faire au détriment de son essence propre alors, ça sera sans moi. 

En conclusion, Venom n’est pas une catastrophe, il y a eu pire et il y aura toujours pire. Venom est un simplement un film raté, qui ne s’assume pas.
La réalisation, le développement des personnages humains et symbiotes, les enjeux, le trop-plein d’humour rien ne va, rien ne fonctionne.
Creux, fade, sans âme, Venom est une grande déception et prouve, une fois encore, que Sony n’a aucune vision ambitieuse pour son univers partagé qui, de surcroît, ne repose que sur des personnages avec un intérêt limité, sans la présence de Spidey.
Enfin, un petit mot sur Tom Hardy. S’il est vrai qu’on a vu l’acteur livrer de biens meilleurs performances dans d’autres longs-métrages, ce dernier tire, malgré tout, son épingle du jeu, contrairement à ce que dise certaines critiques. Assez convaincant dans sa prestation, on sent une volonté, une énergie, pour satisfaire les fans de Venom, mais le scénario aseptisé et les dialogues au ras des pâquerettes, rendent parfois son interprétation légère et/ou médiocre, notamment dans les passages humoristiques. Et non, je ne prononcerai pas sur Michelle Williams (Annie) car, des années de luttes féministes pour accepter un rôle aussi cliché, c’est désolant.

Coup de gueule : Le film se déroule à San Francisco et bordel, où est Ant-Man ? (rire).

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