LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – LOLA ET SES FRERES * SANS SPOILERS *
Il est de ces films français qu’il est aisé d’ignorer ou de négliger, si on ne prend pas le temps d’y accorder une attention particulière. Et à l’heure où les comédies bas de gamme inondent le cinéma français, des petites pépites émergent dans ce déluge d’humour gras, d’humour pipi/caca, comme c’est le cas de Lola et ses frères. Le nouveau film de Jean-Paul Rouve rentre dans cette catégorie, celle des productions françaises intelligentes, drôles et émouvantes à la fois, avec de réelles problématiques et mettant en scène des personnages attachants et profonds.
SYNOPSIS : Lola et ses frères, c’est l’histoire de Lola (Ludivine Sagnier), Pierre (José Garcia) et Benoît (Jean-Paul Rouve), une fratrie très soudée, qui devront faire face aux aléas de la vie. Entre maladresses, mensonges et disputes, chacun essaie de vivre sa vie de son côté. Benoît va devenir père sans y être prêt, Lola fait la rencontre de Zoher (Ramzy) alors qu’elle s’occupe de son divorce et Pierre, ses problèmes professionnels s’enveniment. Tout dans leur vie devrait les éloigner, mais ces trois-là sont inséparables.
Lola et ses frères, c’est la quatrième production signée Jean-Paul Rouve et le deuxième long-métrage co-écrit avec l’écrivain David Foenkinos (que j’ai personnellement découvert en 2009 avec La Délicatesse). Une seconde participation peu anodine après le succès de leur première collaboration, Les Souvenirs, et une nouvelle fois, son appui dans ce projet se ressent lorsque l’on connaît son travail sur l’ensemble de ces créations précédentes. Que ce soit dans la personnalité des personnages, leur construction scénaristique/développement personnel, les thèmes abordés (la famille, la maladie, la difficulté de la vie professionnelle, l’écologie…) et même quelques-unes des situations comiques retranscrites à l’écran, la patte de Foenkinos est réellement très présente et reconnaissable entre toutes, pour le plus grand bonheur de ses admirateurs. Le film transpire de cette coopération entre Rouve et Foenkinos, donnant une œuvre hybride entre comédie et tragédie, absurdité et réalisme brute, comique de répétition et comique de situation. Lola et ses frères est le genre de comédie qui mélange donc plusieurs registres comiques, et la finesse d’écriture fait mouche à chaque réplique. On rigole aussi bien au surréalisme de certaines séquences (cf. les scènes avec le conseiller pôle emploi) qu’à l’humour de vie quotidienne (cf. les scènes au cimetière).
Mais ce qui m’a le plus impressionné dans Lola et ses frères, ce sont les choix des figurants. En effet, aucun des figurants n’est en dessous d’un autre, tous sont d’une hilarité folle, du papi au cimetière (Jacques Boudet), au couple chez l’avocat (avec Pierre Diot, ma scène préférée !), en passant par l’hôtesse d’accueil à l’aéroport, la justesse d’interprétation de ces petits rôles, offre un caractère vraiment unique au film de Jean-Paul Rouve. Et il faut remercier Aurore Broutin qui a su là, dénicher des perles rares.
Les seconds rôles ne sont pas en reste, Pauline Clément et Anthony Sonigo ainsi que l’employé de José Garcia (impossible de retrouver son nom sur internet) sont formidables et viennent donner aux personnages principaux qu’ils côtoient une dimension plus profonde à leurs vies.
Mais au-delà de la comédie, Lola et ses frères est aussi un drame familial, plein d’espoir. Chacun des personnages est confronté à un problème, l’objectif du film est donc de les résoudre et le duo Jean-Paul Rouve/David Foenkinos, le fait avec une grande pudeur, beaucoup de tendresse et de sensibilité prouvant une fois encore, le talent des deux hommes autant à composer des histoires réalistes, avec de vrais fonds, qu’à mettre en lumière la sensibilité de certains comédiens. L’exemple de Ramzy est certainement le plus flagrant puis-qu’ici, l’humoriste n’a jamais été aussi troublant et sincère dans sa démarche d’acteur. Une attitude qui démontre qu’un grand interprète se cache derrière cette carapace humoristique, tout comme celle à l’avant-première de La Rochelle, où le comédien était calme et posé. Et vous le savez, je déteste les artistes qui en font des tonnes en promotion pour prouver qu’ils sont drôles, alors qu’ils sont davantage lourds qu’amusants.
En conclusion, Lola et ses frères un petit film sympathique, mélancolique et fédérateur autour d’un thème universel : la famille et/ou les liens fraternels. Rouve et Foenkinos livrent une histoire simple, mais efficace, innocente, optimiste, généreuse, à l’humour tantôt absurde (dans le bon sens du terme), tantôt teinté de réalisme, où se mêlent situations maladroites et cocasses. Toutefois Lola et ses frères, c’est avant tout une galerie de personnages tendres et hilarants, où chacun peut exister et n’est jamais écrasé sous le poids des grands comédiens que sont Sagnier ou Garcia.
Petite mention spéciale à Ludivine Sagnier, qui est une femme absolument sublime, en plus d’être une comédienne exceptionnelle !!! Et non, ce n’est pas de lèche !
Lola et ses frères sortira le 28 novembre prochain.
Mon reportage sur Lola et ses frères avec Jean-Paul, Ludivine Sagnier et José Garcia, ici.
