TOY STORY 4 : UN DERNIER RETOUR EN ENFANCE ET PUIS S’EN VA

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU DES JOUETS MERVEILLEUX * SPOILERS *

Parmi les adaptations Disney-Pixar, Toy Story est certainement la plus importante à mes yeux, car elle symbolise à elle seule un désir profondément enfantin, voir ses jouets s’animer, sans la frustration d’un contact physique vide et d’un contact verbalement vain, qui aide pourtant à développer l’imaginaire d’un jeune enfant. Si nos jouets pouvaient prendre vie, pourrait-on créer nos propres histoires, ne nous macheraient-ils pas tout le travail ? Inconsciemment ou non, un tel désir met en évidence des sentiments de solitude. Même inanimé, un jouet n’est pas qu’un « ustensile » de divertissement, il comble parfois un manque affectif et/ou rassure l’enfant, à l’instar d’un animal de compagnie pour les adultes. Sinon, pourquoi Bonnie demanderait-elle d’emmener un de ces jouets à la maternelle, lors de son premier jour de classe? Quoi qu’il en soit, le jeune garçon timide et solitaire que j’étais, perçoit les choses de cette façon.
Mais je vais vous épargner les longues introductions, les introductions enflammées sur une saga aimée de tous ou évoquant la fabuleuse histoire de Toy Story, puisque j’ai moi-même réalisé une vidéo analyse dans laquelle je reviens, notamment, sur les éléments qui ont imposé la franchise au rayon cinématographique des œuvres cultes et sur la fin de Toy Story 3. Vidéo que je vous laisse en fin de critique.

Rentrons désormais dans le vif du sujet, si vous le voulez bien.

Police, on ne bouge plus les amoureux ! Chapeau de cow-boy et nœud rose bien en évidence !

Toy Story 4 : La saga avait-elle besoin d’une nouvelle conclusion ?

Quand l’annonce d’un Toy Story 4 a surgit sur la toile, les nombreux fans de Woody et sa bande se sont interrogés, à juste titre, sur l’intérêt d’offrir un nouvel opus à une trilogie qui se suffisait déjà à elle-même. En effet, Toy Story 3 se terminait alors que certains d’entre nous, à l’image d’Andy, rentrait à la fac avec ce dilemme de tout premier déménagement : que dois-je faire des jouets de mon enfance? Les conserver ou les transmettre à une nouvelle génération? Un choix cornélien auquel tous les enfants du monde, une fois devenus adultes, se sont confrontés. Avec ces questionnements, Toy Story 3 possédera toujours un caractère intemporel, puisque chaque génération qui se succédera, éprouvera les mêmes émotions qu’Andy, au moment du départ. Un déchirement au cœur.
Par ailleurs, cette séquence nous rappelle avec nostalgie à quel point le temps passe vite et à quel point il est difficile de se séparer, même à l’âge adulte, des jouets de notre enfance, ceux qui ont contribué à forger notre personnalité, notre soif de création et de liberté. Tourner la page d’une vie passée, n’est jamais aisé, d’autant plus lorsqu’il faut, par la suite, se mesurer à une vie plus dure, plus violente, à une réalité où l’imaginaire n’a désormais pas sa place.
Et puis, Toy Story 4 est arrivé avec ce constat : Toy Story 3 concluait bel et bien l’histoire globale de Toy Story (au travers d’une évolution transgénérationnelle, du passage à un monde insouciant au monde froid des adultes), alors que ce quatrième opus conclut, lui, l’histoire du cow-boy Woody, encore rongé par le départ d’Andy. Toute la problématique de Toy Story 4 réside-là, Woody survivra-t-il au départ d’Andy et trouvera t-il sa place au sein d’un nouvel environnement, qui à déjà un leader-jouet? Et la réponse est non.
Abandonné par Bonnie au fil du temps, les regrets d’une vie antérieure et son amour éternel pour Andy refont surface, malgré une loyauté sans faille pour la jeune fille. Cet amour, on ne le ressent qu’une fois dans sa vie, un peu comme le grand amour. Ainsi, le retour de la Bergère ne sera pas innocent. En effet, elle va raviver la flamme du cœur et, surtout, mettre en lumière de nouvelles perspectives d’avenir pour Woody, des voies qu’ils lui seraient possibles d’emprunter, jusqu’à la prise de conscience : être un jouet, ce n’est pas seulement servir un propriétaire. Comme Andy, Woody va donc prendre son envol, vivre sa propre vie, ses propres expériences de la vie.

Pour en revenir à l’abandon de Woody par Bonnie, j’avoue avoir eu du mal à saisir ce point de départ, très étrange. Dans Toy Story 3, Andy révèle à Bonnie que Woody était « son meilleur ami » et qu’elle « devait en prendre soin ». Je sais que Bonnie n’a que 5 ans (?) et qu’elle ne se rend évidemment pas compte de l’impact qu’à eu Woody sur la vie d’Andy cependant, on ne ressent pas de réelles souffrances ou de peines lorsque le cow-boy prend la décision de quitter la bande et de rejoindre La Bergère. L’impact émotionnel aurait davantage été plus poignant, si Woody n’avait pas été abandonné par Bonnie. L’amère sensation d’un choix scénaristique poussant Woody au départ.

Toy Story 4 n’est donc pas la meilleure conclusion à la franchise Toy Story, mais elle est une très bonne conclusion à l’arc narratif de Woody, jouet désormais libre et enfin libéré de son chagrin, lié à la perte d’Andy. D’ailleurs, lorsque Woody perd sa corde vocale, on peut y voir le lien qui se rompt entre son ancienne vie, symbolisée par Andy et sa nouvelle vie, représentée par La Bergère. Le proverbe : couper le cordon, prend alors tout son sens.

Où est la cuisine?

Toy Story 4 : L’arrivée de nouveaux jouets, une fourchette et le retour des vétérans

Ma petite déception quant à ce Toy Story 4 réside surtout dans certaines décisions narratives. La première est sans nulle doute l’absence quasi-totale des jouets cultes de la franchise, ceux qui ont fait le succès de Toy Story à savoir, Buzz l’Eclair, Rex, Zig-Zag, Monsieur et Madame Patate, Jessie et son cheval Pile-Poil, Bayonne ainsi que les aliens, lesquels ne sont même pas présents. L’afflux de nouveaux personnages y est pour beaucoup. Les jouets de Bonnie, déjà visibles dans Toy Story 3, des peluches Ducky et Bunny, du cascadeur Duke Caboom, de Buttercup ou de la poupée Gabby Gabby, ont pris énormément de place, là où il aurait fallu épurer le scénario et laisser exister, une dernière fois, les premiers jouets de la franchise.
Cette absence se ressent sur un des points centraux de l’intrigue, la conclusion de l’amitié entre Woody et Buzz. L’Eclair étant si peu présent à l’écran, que les adieux entre les deux anciens rivaux devenus amis, n’est pas si poignante, tout comme elle ne l’est pas avec les autres jouets. Bien entendu, on verse une petite larme puisque la saga Toy Story s’est construite sur la relation d’amitié entre Woody, Buzz et les autres jouets d’Andy, mais le fait de les avoir mis à l’écart dans ce dernier volet, n’offre pas l’impact émotionnel tant attendu.

Mes craintes reposaient également sur le retour La Bergère, laquelle jouait sur un mouvement féministe très en vogue à Hollywood, laquelle s’avère parfois catastrophique (coucou Captain Marvel !). Finalement, son retour a brillamment été géré d’un point de vue scénaristique, mais les scénaristes n’ont pas fait d’elle un personnage féminin badass seulement pour qu’elle soit badass. Son évolution a du sens, se fait progressivement, de manière réfléchie et construite. On comprend ses choix, son désir d’une nouvelle vie ainsi que sa soif de liberté et, tout cela est en parfaite adéquation avec son changement d’attitude et sa débrouillardise.

Quant à Fourchette, son apparition dans la franchise permettait d’exposer un nouveau point jamais abordé dans Toy Story : quelle est la nature véritable d’un jouet? Un jouet, est-il forcément une création « industrielle » ou peut-il naître de l’imaginaire d’un enfant? Dès lors, une fourchette peut-elle être considérée comme un jouet ou est-elle condamnée à n’être qu’un simple objet jetable, après utilisation? Une problématique à laquelle Toy Story 4 peine parfois à répondre, même s’il semble évident que la réponse saute aux yeux. Cependant, une réponse plus claire aurait été appréciée afin de faire passer aux enfants le message suivant : soyez créatifs ! Mais après tout, je ne les pense pas aussi idiots, je pense que le message est bien passé, au vu des commentaires enthousiastes en sortie de salles : « Maman, je veux une fourchette comme amie ! ».

Et si le thème de la nature véritable d’un jouet ou la différence entre déchet et jouet est rapidement passé au second plan, d’autres thèmes abordés par Toy Story 4 ont également été survolés tels que les doutes de Buzz (et les voix intérieures), la notion de liberté pour un jouet (La Bergère) et l’envie, la motivation profonde d’être adopté par un enfant (les peluches et Gabby Gabby), au profit d’une aventure au sein d’un parc d’attraction, très réussi au demeurant.
Le réalisateur Josh Cooley a su exploiter son environnement avec beaucoup d’intelligence, en proposant une mise en scène astucieuse.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Visuellement toujours aussi abouti, Toy Story 4 se révèle un poil moins fort que ses prédécesseurs, la faute à une surcharge de nouveaux personnages (les 2 peluches étaient franchement dispensables), qui viennent étouffer les thèmes que les créateurs voulaient développer, jusqu’à parfois les évincer.
Restera, malgré quelques mini-déceptions – notamment sur la présence des vétérans -, des retrouvailles émouvantes entre le public et les jouets de Toy Story, une nostalgie bienveillante, une aventure palpitante, un humour maîtrisé, un casting vocal au top et une fin plus que surprenante – mais que je déteste (rire).








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