RAMBO – LAST BLOOD : LA GOUTTE DE SANG QUI FAIT DÉBORDER LE VASE

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – UN HOMME BIEN TROP VIEUX POUR REPRENDRE LES ARMES * SPOILERS *

Il était attendu tel un Messie, mais la critique américaine l’a crucifié au pilori, onze ans après le dernier Rambo, Last Blood ne semble convaincre ni la presse, ni le grand public. Et malgré tout l’amour, l’admiration et la nostalgie que l’on peut ressentir à l’égard de Sylvester Stallone, force est de constater que son Rambo : Last Blood manque cruellement de conviction, d’ampleur dramaturgique et de force émotionnelle, pour clôturer une saga déjà bien abîmée par une envolée de séquels franchement dispensables.

C’était pas ma guerre!

On retrouve donc John Rambo dans un ranch de l’Arizona, où ce dernier héberge désormais sa nièce, Gabrielle, qu’il considère comme sa fille ainsi que Maria, la femme de maison. Et alors qu’il semble mener une vie plutôt paisible, notre vétéran est amené à reprendre les armes tandis que Gabrielle, a été kidnappée par un cartel local du Mexique.
Très vite, Rambo : Last Blood se révèle maladroit, un sous-Taken au fil conducteur basique, mécanique, où seule la violence de Rambo nous livre le spectacle jouissif tant espéré, dans un dernier acte aussi astucieux que gore.
Pourtant, le film regorge de petites pépites. Rambo : Last Blood sait être émouvant, tendre (malgré des dialogues superficiels et paresseux), hypnotisant, où les prises risques scénaristiques tranchées, mais assumées, contribuent à faire évoluer le personnage de John Rambo sur la durée (la vie sous terre, la prise de médicament, l’omniprésence de la Mort autour de lui, le décès de sa nièce, le départ de Maria…). Malheureusement, tous ces éléments et enjeux scénaristiques présentés au début et à la fin du film, ne sont jamais développés comme il le devrait. On pense notamment aux stress post-traumatique de Rambo et son rapport à la violence – traités avec trop de simplicité -, la relation entre Rambo et la jeune journaliste mexicaine (Carmen Delgado), absente de l’intrigue ou la manière dont les trafiquants ont la main mise sur la police mexicaine, un aspect sous-exploité, lequel aurait donné une dimension politique à un film qui ne fait qu’effleurer le propos, sans se confronter réellement au cœur des problèmes (par peur?).
Enfin, Last Blood méritait une vraie conclusion quant à la situation au Mexique après la mort des Ramirez, quid de Carmen? Quid des jeunes filles prisonnières?

La bouffe est infecte, comme mon film

Mexique : Capitale du Crime?

Parmi les nombreux reproches fait à Rambo : Last Blood, celui qui revient de façon récurrente est sa vision réac du Mexique. Cependant, force est de constater qu’il y a une part de vérité dans ce que ce cinquième opus dévoile : une réalité sombre, des soucis de corruption évidents et une extrême pauvreté qu’on ne peut ignorer. Toutefois, soulignons que le Mexique ne résume pas aux ghettos, aux trafics de drogue et à la prostitution, et c’est en cela que Last Blood peut paraître dérangeant. Avec son environnement restreint à 4 décors (le quartier où réside Gisel et celui des Ramirez, l’immeuble où vit le père de Gabrielle et celui où les filles sont prostituent) – question de budget? -, difficile, en effet, d’offrir aux spectateurs une image belle et positive du Mexique, qui regorge pourtant de paysages magnifiques ainsi que d’activités touristiques aussi mystérieuses qu’étranges. Certes, ce n’est pas le but du film que de persuader le public d’acheter un billet d’avion pour le Mexique, mais je comprends le désarroi de certaines critiques alors que Donald Trump a construit sa campagne présidentielle, il y a maintenant 3 ans, sur la peur des mexicains, qu’il qualifiait honteusement lors de ses meetings de « criminels » et de « violeurs », ne l’oublions pas. En somme, Last Blood confirmerait les propos de Trump. Et même si Rambo V tente, au travers le personnage de Carmen, d’atténuer l’adage « mexicains, tous pourris », ses apparitions étant si insignifiantes que cela ne contribue guère à nous attacher aux difficultés d’une population divisée, malmenée, exploitée.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Divertissement sympathique, à la carrure touchante et brutale – même si le pathos surabondant empêche à Last Blood de frôler l’exigence émotionnelle qu’on attend d’un film avec un thème aussi puissant – le film souffre surtout d’une écriture maladroite (les dialogues sont d’une pauvreté affligeante) et d’un traitement des personnages peu abouti voire, inexistant.
La dernière partie, jouissive, rattrape la banalité scénaristique de la première heure, avec ce huis-clos infernal, truffé de pièges en tout genre, on l’on prend un pied d’enfer à voir Rambo dégommer ces enfoirés de trafiquants.



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