Avec son sourire angélique et ses yeux verts perçants, Élodie Varlet irradie depuis plus de 15 ans la télévision. Révélée au grand public en 2006 dans la série de France 3 « Plus Belle la Vie » et son rôle d’Estelle Cantorel, la comédienne de 38 ans continue son parcours télévisuel en explorant d’autres rôles, accompagnée d’une humilité rare.
De ses premiers pas dans un clip de Laurent Voulzy au téléfilm historique L’Assassinat d’Henry IV, en passant par Plus Belle la Vie, Cut et son nouveau rôle dans Le Secret de la Grotte, retour sur la genèse d’une carrière intense et des personnages qui auront marqué la télévision française.
Après votre bac, vous avez étudié le cinéma puis la conception et la réalisation audiovisuelle. D’où vous vient cette passion pour le cinéma ?
J’ai toujours été cinéphile. Mes parents aiment beaucoup le cinéma. C’est une culture familiale. J’ai commencé le théâtre à 10-11 ans et, rapidement, j’ai été attirée par l’image et tout ce qu’il est possible de faire. En primaire, je réalisais déjà des petits courts-métrages et documentaires avec une vieille caméra que ma grand-mère possédait. Avec mes cousines, nous faisions aussi des spectacles. Donc, ça a toujours été en moi. C’était une forme d’expression qui m’allait. J’adore raconter des histoires et je m’en rends compte encore plus aujourd’hui en étant maman. Je crois que c’est ce qui me plaît le plus parce que c’est à la fois visuel et créatif. Ça crée des émotions et fait avancer l’esprit.
À quel moment le désir de devenir comédienne est-il né ?
Dès 13 ans, j’ai souhaité passer des castings mais mes parents étaient assez réfractaires, ce que je peux comprendre. Ils m’ont orientée vers un métier technique qui leur semblait plus sûr que le métier de comédien. Néanmoins, je n’ai jamais arrêté de faire du théâtre, même en continuant mes études. J’ai toujours aimé ça. Mais je pensais surtout réussir dans la technique, plus qu’en étant comédienne. Mais le hasard de la vie a fait que j’ai joué dans des courts-métrages de potes qui cherchaient des comédiennes. Un de ces amis, Mikael Taupin, est devenu ensuite assistant directeur de casting et de fil en aiguille… Au fond de moi, j’ai toujours souhaité être comédienne sans me l’avouer véritablement parce que ça me paraissait impossible.
« Au fond de moi, j’ai toujours souhaité être comédienne sans me l’avouer véritablement parce que ça me paraissait impossible »
En 2006, vous avez fait une petite apparition dans le clip de Laurent Voulzy « Derniers Baisers ». Comment se retrouve-t-on dans un clip de Laurent Voulzy ?
J’étais étudiante à Aubagne en IUP Audiovisuel et je faisais de la figuration sur films à Marseille avec une directrice de casting qui s’appelait Anne Frémiot. Puis, elle a pensé à moi pour ce clip puisqu’elle s’occupait du casting. J’étais hyper fière, même si on me voit une demi-seconde avec des couettes (rire). C’est ma première apparition à la télévision. C’était une chouette expérience, j’en garde un bon souvenir.
« Mon challenge résidait surtout dans la scène de nu, à me détacher de la nudité »
En 2009, vous rejoignez le casting du téléfilm « L’Assassinat d’Henry IV », dans le rôle de Gabrielle d’Estrées, la Favorite d’Henry IV. De quelle manière vous-êtes vous glissée dans la peau de ce personnage historique, bien que vous ne fassiez qu’une seule séquence ?
Arnaud Bedouët, qui incarne Henry IV, m’a vraiment mise à l’aise car, non seulement c’était pour une courte apparition mais en plus, pour une scène de nu. C’était la première fois et c’était une grosse étape à franchir pour moi. Il y avait une appréhension, qui n’est jamais évidente pour les jeunes filles. Heureusement, mon stress a vite été évacué parce que j’avais un partenaire très respectueux. J’ai pu alors me glisser dans ce personnage, sans penser à ça. Mon challenge résidait surtout dans la scène de nu, à me détacher de la nudité, plus que de me plonger dans le personnage de Gabrielle d’Estrées. Ensuite, je me suis renseignée davantage sur cette femme qui a un parcours enrichissant.
De quelle façon se prépare-t-on a jouer ce type de scène ?
Nous nous sommes préparés avec le réalisateur Jacques Malaterre et Arnaud. Nous nous sommes vus plusieurs fois afin de chorégraphier la scène, habillés dans un premier temps. C’est un bon moyen pour se détacher du fait qu’on soit nu puisqu’on est véritablement dans le mouvement, dans le déroulé de la scène par rapport à la caméra. Je me suis posée la question avant d’accepter, à la fois parce que c’était une courte apparition mais également parce qu’il y avait cette scène de nu. Toutefois, lorsqu’on est comédien ou comédienne, on sait qu’on va être confronté un jour au l’autre à ce type de séquence donc…
« Je me rappelle que mon premier jour de tournage à PBLV avait été un enfer »
Le grand public vous a découverte et vous connaît désormais grâce à la série « Plus Belle la Vie ». Vous vous souvenez comment vous avez rejoint l’aventure ?
À l’époque, j’étais troisième assistante réalisatrice sur le film « Le fils de l’épicier » et ce camarade de classe que j’évoquais et qui était devenu assistant casting, m’a proposée pour le casting de Plus Belle la Vie. C’était pour un personnage qui devait rester à l’écran deux mois et, je lui ai répondu que je pouvais trois jours, notamment parce que j’avais d’autres projets à côté. Et puis, ça me paraissait énorme d’interpréter un personnage pendant une période aussi longue, d’autant que j’étais encore en étude à ce moment-là. Finalement, je l’ai passé et j’ai eu le casting du premier coup. Je me rappelle que le premier jour de tournage avait été un enfer.
Je me sentais très novice, pas vraiment à ma place et j’étais avec Ambroise Michel – qui est un super partenaire de jeu – mais qui est un boute-en-train sur le plateau. Il m’a fait beaucoup rire mais je me disais que jamais je n’arriverai à être comme ça. J’étais timide. Le coach, Richard Guedj, a su avoir les mots pour me mettre le pied à l’étrier. J’avais la sensation que ça s’était mal passé mais, au final, non puisqu’ils ont voulu me garder.
C’était leur marque de fabrique. Ils prenaient de jeunes comédiens, avec ou peu d’expérience, pour les prendre ensuite plus longtemps. Au début, ils testent. Ils ne prennent jamais pour du très long terme. Quand je suis arrivée, la série n’existait que depuis deux ans.
« Les sujets sociaux étaient le cœur de la différence vis-à-vis des autres quotidiennes »
Estelle a eu une belle évolution en tant que femme. Elle n’était rattachée à aucune famille, c’était une autodidacte. C’était un personnage léger, inconséquent, une amoureuse éperdue, une fille impulsive dans le bon sens du terme parce que c’était son amour, à la fois dans le travail ou dans l’amour. Il a fallu construire ce personnage. Elle se bat pour ses idées. Je la trouve droite et juste. Concernant la fin, je suis revenue pour le final de la série mais cela faisait un petit moment que je n’avais plus joué grand-chose d’intéressant. Cela avait fait l’objet d’une discussion avec la production un an et demi avant que la série n’arrête. Je n’étais pas satisfaite de la direction que ça prenait. Mes intrigues tournaient en rond, peu profondes et sans message social. J’estime qu’il y a beaucoup à dire sur une jeune femme de 35 ans qui a son entreprise, une vie de couple.
Crédit photo : Elodie Varlet – Instagram
Je recevais des messages de fans qui étaient aussi déçus. Néanmoins, j’étais heureuse pour Estelle qu’elle se marie enfin avec l’homme qu’elle aime réellement. Je n’aimerais pas être scénariste parce que c’était difficile de renouveler des intrigues sur autant d’années. Je reste quand même persuadée qu’ils se sont perdus ces dernières années, à vouloir développer trop de personnages annexes au lieu de se recentrer sur les personnages historiques. Les sujets sociaux étaient le cœur de la différence vis-à-vis des autres quotidiennes. Nous les avons délaissés au détriment du policier, qui prenait de plus en plus de place. On aurait dû appuyer sur nos différentes.
Que retiendrez-vous de cette incroyable épopée télévisuelle qu’a été « Plus Belle la Vie » ?
Je vais retenir la bienveillance et le professionnalisme des gens avec qui j’ai travaillé. C’est rare sur autant d’années, et c’était la force de Plus Belle la Vie, il y avait une bienveillance. Jamais il n’y a eu de starification des uns ou des autres. Aujourd’hui, quand on retrouve quelqu’un de PBLV sur un autre projet, on se sent rapidement en sécurité. C’est agréable et c’est ce qui me plaît dans la manière dont ça perdure. Quand on se retrouve ailleurs, il y a tout de suite une proximité. Puis, ça m’a beaucoup appris sur mon métier.
Si Plus Belle revenait, accepteriez-vous de revenir ?
Pas de n’importe quelle manière. Si ce personnage à quelque chose à défendre alors oui. Mais je n’ai pas envie de m’y accrocher. J’ai envie d’explorer d’autres personnages. J’ai besoin de ce temps-là. Donc, pas n’importe comment et pas tout de suite.
« À mon arrivée sur Cut, Ambroise Michel a été un allié »
Il y a une autre série dans laquelle vous avez joué durant plusieurs années, c’est « Cut ». Vous interprétez Angèle dans 210 épisodes. Comment avez-vous appréhendé ce nouveau rôle ?
J’ai adoré ce personnage et son caractère. Elle ne se laisse pas marcher dessus. Angèle était kiné et j’aimais bien l’aspect médical et aide à la personne. J’admire les gens qui travaillent dans le social. J’ai tourné beaucoup de scènes avec Édouard Montoute qui est un partenaire extraordinaire. Cut, c’était l’école de la débrouille. La série nécessitait énormément de travail et nous nous voyions tous les soirs pour retravailler les textes, les faire évoluer, et interpréter au mieux nos personnages. Angèle m’a manqué l’année où ça s’était arrêté. J’ai eu une petite frustration parce que j’avais l’impression qu’il y avait quelque chose qui n’était pas terminé.
Il y avait aussi Ambroise Michel. Il est insupportable et nous rigolons tout le temps (rire). C’est un effet qu’il fait a pas mal de gens. Je sais que lorsqu’il tournait avec Anne Décis, ils passaient leur temps à rire. C’est le même effet avec moi. C’est un vrai partenaire, hyper professionnel, mais il faut savoir garder son sérieux. Il adore blaguer et vous déstabiliser avec des blagues vraiment débiles. Je m’en veux parfois de rigoler aux blagues qu’il fait depuis quinze ans. A mon arrivée sur Cut, ça a été un allié, notamment sur la manière dont fonctionnait le tournage. D’autant que le tournage avait lieu à La Réunion et ce n’était pas évident. C’était une décision de vie car j’avais un enfant en bas âge. Puis enceinte, et avec deux enfants. C’était une organisation et c’était chouette d’avoir quelqu’un sur place pour nous expliquer comment tout fonctionne.
Est-ce que le rôle d’Angèle a été aussi important pour vous que celui d’Estelle ?
Je ne dirais pas ça. Toutefois, Angèle était un personnage plus proche de ce que je suis moi. J’ai pu exprimer et développer un jeu différent parce que je m’y retrouvais dans la manière dont son caractère évoluait. Et je m’y suis attachée.
Vous serez prochainement à l’affiche de la nouvelle fiction de France 3 « Le Secret de la Grotte ». Qu’est-ce qui vous a convaincue d’accepter le rôle de Manon ?
J’ai trouvé son parcours et son évolution au sein du téléfilm, très intéressants, ainsi que sa relation avec le personnage de Samy Gharbi. Ce rapport entre les deux était passionnant à jouer, à défendre, et j’ai adoré qu’elle doive se confronter à son passé et à la mort de ses parents. C’était chouette à explorer.
« Nous avons pris ce téléfilm à cœur »
Manon est une jeune flic qui a vécu un drame, l’assassinat de ses parents. De quelle façon aborde-t-on cette tragédie dans son jeu ?
Nous en avons parlé avec la réalisatrice Christelle Raynal. La résolution de l’enquête autour de la mort des parents de Manon était, pour elle, réglée. C’est une jeune femme qui a fait son deuil parce que l’assassin avait été trouvé. Pense-t-elle. Même si ses parents lui manquent. Je l’ai interprétée ainsi. Son rapport avec Riad la renvoie à tout ce passé. Je ne voulais pas qu’elle devienne froide, dure et fermée. Il fallait qu’il y ait une différence entre la manière dont elle se comporte avec lui et dont elle se comporte en société. Ensuite, il faut aborder chaque scène petit à petit et avoir une belle continuité dans la tête pour être subtil dans l’évolution.
Parlez-nous de votre collaboration avec Samy Gharbi…
Avec Samy, ça a été vite évident. Nous nous connaissions un peu via des amis en commun. Nous étions heureux de nous retrouver. Ce fut vite confortable et sur la même longueur d’onde parce que nous venons tous les deux d’une quotidienne et que nous avons les mêmes codes de travail. Nous avons su rapidement nous parler. C’était important pour nous deux. Nous avons pris ce téléfilm à cœur et nous avions, avec les personnages, chacun beaucoup d’empathie. Sur le plateau, Samy est un bonbon.
Comment était le tournage en Ardèche ?
Ce n’était pas simple. Nous avons tous eu : très chaud, très froid, de la pluie… Il y a un vrai gros travail sur l’étalonnage. Bravo au chef opérateur. Parfois, je me demandais comment il allait raccorder car pour une scène, nous avons eu à la fois un très beau soleil et un temps grisâtre, voire pluvieux. Ce fut laborieux sur ce point (rire). Néanmoins, l’Ardèche est un endroit magnifique. C’est toujours agréable de tourner dans des décors naturels aussi somptueux.
Synopsis – Le Secret de la grotte :
Une figure locale est retrouvée assassinée sur les bords de la rivière Ardèche par des jeunes kayakistes, sur la commune de Vallon-Pont-d’Arc. L’arme du crime est une pierre taillée datant de plus de 40 000 ans, période correspondant à la présence des hommes dans la grotte rupestre de la Région. Le capitaine de gendarmerie Riad Lekcir, chargé de l’enquête doit faire équipe avec son homologue de la section de recherche, Manon Ferret-Duval.
Une collaboration qui ne l’enchante pas du tout car un passé douloureux les lie. En décembre 1994, parallèlement à la découverte de cette grotte, Kamel, le frère aîné de Riad, a été arrêté, accusé d’avoir tué les parents de Manon (qui avait 8 ans à l’époque). Kamel s’est suicidé en garde à vue, voyant son alibi s’effondrer. Nos enquêteurs vont devoir mettre de côté ce lourd passé afin de mener à bien cette enquête qui va finalement établir un lien entre ces deux meurtres perpétrés à 30 ans d’intervalle.
Le Secret de la grotte, en diffusion le 11 mars sur France 3.