COMME MON FILS – DISCUSSION AVEC TOMER SISLEY : « Largo Winch a été une sorte de consécration pour moi »

Prochainement à l’affiche de « Comme mon fils », téléfilm pour lequel il est également producteur, Tomer Sisley se confie sur quelques personnages marquants de sa carrière et sur ce dernier rôle, où il incarne un voyou contraint de partir en cavale avec un enfant de six ans.

« Sur Vortex, ce que j’ai aimé, c’était d’avoir l’occasion d’interpréter un même personnage à 27 ans d’écart »

Trois rôles emblématiques ont à ce jour marqué votre carrière de comédien : Largo Winch, Balthazar, et plus récemment Ludovic dans la série Vortex. Trois rôles très différents. Qu’est-ce que chacun d’entre eux vous a apporté humainement et professionnellement ?
Largo Winch m’a mis sur le devant de la scène, en tant qu’acteur. C’était une sorte de consécration pour moi. Puis, c’était la première fois que j’avais un rôle héroïque, un rôle dont on rêve lorsqu’on est enfant et, qui plus est, dans un film d’aventure comme il y en a peu en France.
Balthazar, c’est aussi une belle rencontre avec le public. Mais de mon expérience, c’était la première fois que je pouvais mettre les mains dans le cambouis pour un personnage, laisser mon empreinte artistique dans un projet, autre qu’acteur. Sur Balthazar, il y a eu beaucoup de réécritures, de décisions prises en amont sur l’évolution de ce dernier. Par exemple, son côté guignolesque ou qu’il crame la vie par les deux bouts et qu’il prenne trop de risques lorsqu’il pratique des sports extrêmes. À la base, ce n’était pas comme ça que c’était écrit. Ça m’a réconforté dans l’idée que j’aimais ça et c’est ce qui m’a conduit à la production et au désir de produire ce téléfilm « Comme mon fils ».

J’ai adoré l’histoire de Vortex et le réalisateur Slimane Baptiste-Berhoun. Je suis prêt à parier qu’il peut devenir quelqu’un d’incontournable dans la fiction française. Il fait partie de cette génération de jeunes réalisateurs qui se sont fait la main sur Internet. Ils réalisaient en très peu de temps et avec peu de moyens, ce qui n’existait pas dans les générations d’avant. À l’époque, pour avoir une caméra entre les mains, il fallait avoir de sérieux contacts. Avec un Iphone, aujourd’hui, on peut faire tellement de choses. Ils arrivent alors avec un bagage et une grande expérience, une sorte de savoir-faire qui fait que, lorsqu’on leur donne de plus gros moyens, ils savent réellement quoi en faire. Sur Vortex, ce que j’ai aimé, c’était d’avoir l’occasion d’interpréter un même personnage à 27 ans d’écart. Car nous ne sommes pas les mêmes.

Un personnage comme Largo Winch, tiré d’une bande dessinée, est-ce plus difficile à appréhender, à trouver sa propre liberté d’interprétation ?
Pour moi, ce n’est pas plus difficile dans la mesure où je n’interprète pas un héros de bande-dessinée. J’interprète des lignes écrites sur un scénario. Ma base de travail c’est le scénario. La bande-dessinée, je l’avais lue, et cela donne une certaine idée de ce qu’est Largo sauf que la réalité, c’est que vous finissez par jouer ce qui est écrit par le scénariste.

« Je trouvais intéressant de savoir ce que Largo est devenu et de quelle manière il influe sur le monde aujourd’hui »

Un troisième opus a récemment été annoncé, qu’est-ce qui a motivé ce retour 12 ans après ?

Comme pour Vortex, je trouve ça intéressant de raconter le temps qui passe sur quelqu’un que l’on a aimé. Dans les BD, Largo Winch ne vieillit jamais. Ce qui m’a attiré, c’est le temps passé sur un personnage emblématique tel que Largo Winch. Remettre les couverts longtemps après, ça permet de se poser des questions : qu’est-ce qu’il est devenu, en quoi il a changé, qu’est-ce qui n’a pas bougé, ce qui a bougé, en quoi c’est la même personne et en quoi ce n’est plus la même. Puis, Largo Winch se déroule dans le milieu ultra-restreint des multi-milliardaires. La différence entre le 1er opus et celui-ci, c’est qu’entre-temps, nous les avons identifiés et nous connaissons leurs noms. Nous savons ce qu’ils font et nous avons une opinion sur eux. Nous avons une opinion sur Jeff Bezos, sur Elon Musk… Ensuite, sauver la planète est une idée qui est désormais très présente dans l’esprit des gens. Il y a 15 ans, tout le monde se fichait de ça. Greta n’était même pas connue. Le monde n’est plus le même. C’est intéressant de savoir ce que lui est devenu et de quelle manière il influe sur le monde. Quand vous êtes à la tête de la seconde multinationale de la planète, vous avez une influence sur le monde. Je voulais aborder tous ces thèmes.

Il y un autre personnage auquel vous avez donné vie, c’est Maître Grue dans Kung-Fu Panda. C’était me semble-t-il votre première expérience de doublage. Comment avez-vous abordé ce nouvel exercice de comédien ?
C’est presque un métier à part. Là où vous interprétez un rôle, vous pouvez faire à peu près ce que vous voulez, parce que vous créez le rôle, lorsqu’on fait du doublage, vous devez coller à ce qui a déjà été créé par quelqu’un. Il faut coller au mouvement labial, à l’humeur dessinée et, en même temps, trouver une façon de se l’approprier. C’est un exercice que j’ai adoré faire mais ce n’est pas le plus simple.

« Netflix avait vraiment envie de produire une seconde saison de Messiah »

Vous avez été déçu de l’arrêt de la série Messiah sur Netflix ?
Complètement. Comme beaucoup de gens, dont ceux qui ont travaillé sur la série. La saison 2 était déjà écrite et elle était extraordinaire. Netflix a prolongé nos contrats d’acteurs. Quand nous avons signé pour la saison une, nous devions nous engager à rester disponible un an après la fin du tournage de la première saison. Netflix avait donc 12 mois pour décider s’ils voulaient repartir pour une seconde saison. A la fin des 12 mois, Netflix nous a demandé d’allonger cette période-là et ils nous ont grassement payés. Ça leur a coûté beaucoup d’argent. Ils avaient vraiment envie de produire une seconde saison. Puis, le Covid est passé par là… Cela a foutu le tournage en l’air parce que certains comédiens sont allés sur d’autres projets.

Comme mon fils

« J’ai besoin de me sentir libre en tant qu’interprète »

Comme mon fils est inspiré d’une histoire vraie, déjà adaptée en livre, « L’Enfant de la Cavale ». Pour quelles raisons avez-vous eu envie de produire cette adaptation et comment vous êtes-vous approprié le rôle de Jean-Marie (Victor dans le roman) pour composer avec votre propre interprétation ?
Clément Miserez de chez Radars Films m’avait fait lire quelques projets. Un jour, il me fait lire ce scénario et me propose de le coproduire à condition que l’histoire me plaise. J’ai trouvé le récit tellement beau, tellement touchant, plein de poésie, original et inattendu, que c’était une évidence. […] Ce téléfilm était un énorme challenge, notamment pour une première production, parce qu’il s’agit d’un film d’époque, qui se déroule à Nice au mois de juillet – là où ça coûte le plus cher -, avec un enfant de dix ans. Nous nous sommes rajoutés des difficultés (rire).

Pour le rôle, je n’avais pas rencontré Jean-Marie. J’avais peur de le rencontrer parce que physiquement je ne lui ressemble pas et je ne voulais pas que cela soit un handicap. Il fallait que je m’autorise un minimum de libertés, ne serait-ce que sur le look. Nous n’avons pas le même teint, les mêmes cheveux et, pour vous dire, j’ai même été jusqu’à fabriquer une perruque pour essayer de m’approcher de lui. Mes co-producteurs m’ont dit d’arrêter ça. Ils ont eu raison. J’ai besoin de me sentir libre en tant qu’interprète. Je ne peux pas partir sur un projet en sachant que si je fais un écart, on va me tomber dessus.

Je trouve que c’est important de pouvoir se laisser un minimum de libertés. Si je suis trop imprégné par le vrai Jean-Marie, que je le rencontre et qu’on devient ami, ça va devenir compliqué pour moi ensuite de m’autoriser à faire une ou deux entorses à la réalité.

« C’était une première pour moi de tourner tous les jours avec un enfant de six ans »

Parlez-nous de votre collaboration avec celui qui joue votre fils, Jordan Delassus, et Lizzie Brochere, avec qui vous avez déjà partagé l’écran dans Largo Winch ?
Lizzie est une actrice extraordinaire que les américains nous ont piquée durant quelques années. Elle a enchaîné quelques séries outre-atlantique remarquables et remarquées comme American Horror Story. Je suis super fier qu’elle ait accepté de venir jouer dans ce téléfilm, même si elle a un rôle plus petit que d’habitude. Je me suis senti honoré.

C’était une première pour moi de tourner tous les jours avec un enfant de six ans. C’est une expérience en soi et je remercie le ciel d’avoir pu partager ça avec lui. J’étais là durant les castings et très rapidement, nous l’avons choisi parce qu’il était génial. Il avait beau n’avoir que six ans, il était extraordinaire. Je pense que ça se voit à l’écran. Mais ça reste un enfant et donc c’est compliqué. Lorsqu’on tourne dans des décors paradisiaques, en plein été, alors que ce sont ces vacances scolaires, la seule chose dont on rêve, c’est de sauter dans l’eau. Jordan c’était pareil (rire). C’était le prix à payer et nous sommes ravis de l’avoir fait. Je suis vraiment content. C’était une expérience enrichissante et la découverte d’un jeune acteur. Et quel acteur !

De quelle manière avez-vous créé cette complicité avec Jordan, qui transpire l’amour dans le téléfilm ?
Cette complicité que nous avons à l’écran, nous devions également l’avoir dans la vraie vie. Mais ce n’était pas si difficile. Je suis papa de trois adolescents désormais, donc je sais ce que c’était d’avoir un enfant de six ans. Je ne n’ai pas non plus, plus de six ans dans ma tête. J’ai une certaine facilité avec les enfants. J’ai tout fait pour créer ce lien avec lui et que ça se passe bien entre nos prises.

Comme mon fils, le 20 mars sur TF1.

Synopsis :
Un petit garçon abandonné par sa mère croise le chemin d’un voyou en cavale qui décide de l’emmener avec lui. Entre des braquages de banque, la menace de la police et l’obligation d’être toujours en mouvement, l’homme et l’enfant vont apprendre à devenir père et fils, à s’aimer et être inséparables…

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