FESTIVAL DE DEAUVILLE 2019 / LES MISÉRABLES : NOUVEAU TRIOMPHE À DEAUVILLE !

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – UN VICTOR HUGO MODERNE * SANS SPOILERS *

La presse et les Deauvillais sont unanimes et ont désigné leurs coups de cœur pour cette 45ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, qui s’est donc achevée ce samedi 14 septembre dans la plus belle des ambiances. En effet, après le triomphe du réalisateur Nate Parker et son sublimissime American Skin, le cinéaste français Ladj Ly, s’est vu, à son tour, acclamé par la profession et le public suite à la projection de son dernier film, Les Misérables, traitant lui aussi, notamment, des violences policières.

La vraie vie des Misérables

Comme Nate Parker, Ladj Ly filme sans parti pris. Avec un visage neutre. Un acte d’autant plus louable lorsque l’on sait que le réalisateur des Misérables, a lui-même subit la violence policière qu’il dénonce ici et depuis des années. Pourtant, si les policiers qu’il met en scène sont, parfois brutaux, que ce soit physiquement ou verbalement, ils sont également capables d’empathie. Malheureusement, et le long-métrage le démontre parfaitement, on ne retiendra ni l’altruisme de Stéphane, ni même les larmes de Gwada (les policiers), mais bel et bien la bavure de leur collègue. Et ce sont ces bavures-ci, qui poussent à la haine et à la vengeance.
En effet, Les Misérables met en lumière les répercussions d’une violence inacceptable que les jeunes des quartiers subissent au quotidien et qu’ils ne veulent plus subir, cela au travers les yeux du personnage d’Issa. Ce dernier est le point central de l’intrigue et Ladj Ly va se servir du jeune homme pour interpeller le spectateur sur la manière dont une succession d’actes cruels va transformer la vie d’un garçon à peine adolescent en vengeur masqué. Oui, Les Misérables est inconfortable, dur, poignant toutefois, il s’agit d’une nécessité que d’exposer le cercle vicieux de la haine. Car il ne dégage rien de bon de la haine, laquelle n’engendre que davantage de violences, de blessés et de morts.

Avec nuance, Ladj Ly soulève aussi un problème majeur, celui de policiers accablés, acculés, par le poids d’un travail extrême. Les débordements policiers ne viennent-ils pas d’une fatigue croissante, d’un épuisement psychologique intense, liés à des conditions de travail difficiles? C’est ce que sous entend le policier Gwada. Un argument que l’on peut entendre, comprendre néanmoins, elle n’excuse en rien les débordements que commettent les forces de l’ordre. Cependant, l’État a sa part de responsabilité dans cette fatigue, dans cette colère, dans cette division.
Les jeunes des quartiers populaires sont délaissés par un pays, un Gouvernement qui ne les acceptent pas, ne leur offre aucune perspective d’avenir, aucune promesse, se laissant emporter par le fléau de la drogue, du vol, de l’argent facile. Quant aux policiers, les moyens déployés pour mener à bien leurs missions sont ridicules, les services de police sont surchargés et le recrutement quasi-inexistant. Enfin, le Gouvernement ne semble pas prendre en compte la gravité de la situation et laisse deux clans s’opposer, se déchirer, alors qu’il serait plus approprié de tenter une nouvelle approche, celle de la réconciliation via une médiation. À croire que cette guerre opposant deux populations malmenées par leurs élus, leur profite.

Au cœur des banlieues

Concernant la réalisation, Ladj Ly filme ses protagonistes caméra à l’épaule, afin de capter chaque sourire, chaque larme, chaque peur, chaque violence, avec la plus grande sincérité possible. Et cela fonctionne. Les Misérables transpire une authenticité émotionnelle rare – portée par des comédiens exceptionnelles, d’une justesse d’interprétation remarquable. Le spectateur est ainsi immergé, à la fois dans des environnements oppressants, anxiogènes -, où la menace peut surgir de n’importe où (menace lambda ou policière) – et qui, de temps à autre, apparaissent comme des lieux où il fait bon vivre, avec cette chaleur humaine et solidaire omniprésente, mais aussi dans les émotions brutes des acteurs. La caméra suit, en effet, les visages, plus que les corps. Car, si le corps est le reflet de notre personnalité, le visage, lui, est le reflet de notre humanité.

Et ne parlons pas de cette fin, bouleversante, qui ouvrira sûrement à Ladj Ly, une voie directe vers les Oscars.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Prix du Jury à Cannes, Prix d’Ornano-Valenti au Festival du Cinéma Américain de Deauville de cette année, Les Misérables de Ladj Ly est certainement un des meilleurs longs-métrages français de cette année. Plein de vérité, d’émotion et de sincérité, Les Misérables est une œuvre importante, laquelle nous confronte à une réalité quotidienne, celle où deux camps s’affrontent en permanence, dans une lutte incessante pour la domination, pour la survie, pour la vie. Et une question : qu’attendons-nous pour réconcilier des hommes, plutôt que de les pousser à s’entre-déchirer ? Si Ladj Ly a interpellé Emmanuel Macron lors d’une interview pour lui proposer de visionner Les Misérables, ne doutons pas qu’il y ait une raison valable, un message à transmettre, une urgence à signaler.

Crédit photo : CNEWS

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