GERMINAL : LA NOUVELLE FICTION DÉTONNANTE DE FRANCE TÉLÉVISIONS (INTERVIEW AVEC LE PRODUCTEUR ALBAN ÉTIENNE)

Disponible en intégralité sur SALTO depuis le 1er septembre, Germinal est la nouvelle adaptation du roman d’Émile Zola. Porté par un casting 5 étoiles, Germinal brille par sa mise en scène époustouflante, sa photographie dystopienne et sa composition musicale à la fois subtile et puissante.
Primé par le public au Festival Series Mania il y a quelques jours, le producteur Alban Étienne revient sur la genèse du projet, les ambitions scénaristiques et visuelles de Germinal ainsi que les choix de casting.

Genèse & Tournage

27 ans après la dernière adaptation de Germinal pour le cinéma, le roman d’Émile Zola débarque sur le petit écran pour la première fois de son histoire. Avec Germinal, France Télévisions s’offre une adaptation plus moderne et de qualité, qui s’inscrit dans une volonté spécifique des chaînes de renouer avec les grands succès littéraires français : « Le projet de Germinal est né d’une discussion avec France Télévisions qui voulait réadapter certains de nos romans patrimoniaux. L’idée s’est arrêtée sur ce roman dont on trouvait malheureusement qu’il avait encore une résonance avec l’actualité récente. ».
Si le récit a cette résonance, jamais il ne fut question d’adapter Germinal dans une époque différente que celle où se situe l’action du roman. Exit donc de placer l’action dans une usine du XXIème siècle : « On voulait vraiment jouer la carte de l’époque. Et puis, le roman était déjà extrêmement moderne et sulfureux pour son époque. Ça aurait été trop le trahir de le remettre en 2021. Mais surtout, avec l’équipe artistique, nous voulions tenter de moderniser la série d’époque comme savent le faire les anglais et donc de jouer avec. On s’est inspiré bien-sûr de Peaky Blinders mais surtout de certains films de James Gray pour moderniser notre récit. ».

Un récit moderne certes, mais complexe, où le scénario tout comme les personnages ne sont jamais traités de manière manichéennes : « C’est toujours bien d’apprendre de notre histoire. On voit ce qui a évolué dans le bon sens (le travail des enfants, par exemple) et puis, il y a encore quelques problématiques. On vit dans un monde complexe et le travail des auteurs a été très important puisqu’ils ont amené cela dans Germinal. Nous ne voulions pas des personnages noirs ou blancs. Ça ne veut pas dire qu’on tente d’expliquer ou de justifier la psychologie des personnages de Guillaume de Tonquedec ou d’Aliocha par exemple, ou même des mineurs quand ils massacrent quelques-uns des protagonistes. ».

Encore une fois, il s’agissait là d’avoir une résonance avec l’époque actuelle : « Quand le personnage de Philippe Hennebeau monte à Paris pour montrer les résultats financiers de la mine – ce personnage n’est pas dans le roman d’ailleurs -, on trouvait qu’il y avait cette résonance. Tous les chefs d’entreprise ne sont pas des ordures. On le voit bien avec le personnage de Sami Bouajila, un indépendant qui essaie de s’en sortir et subit la pression d’un grand groupe et d’une compagnie. Rien n’est simple. ».

Le tournage, lui, a eu lieu un peu partout en France : « Nous avons tourné à Lilles, à Oignies (Pas-De-Calais), à Valenciennes, à Wallers (commune de Valenciennes), au Fort de Séclin où a été fait le coron, et plein d’autres lieux. ».
Pour tourner Germinal, France Télévisions et Salto n’ont pas lésiné sur les moyens. Outre les 700 costumes créés pour la série et les 2400 figurants présents, de nombreux décors ont également été fabriqués : « Nous avons construits les décors pour les scènes dans la mine et ceux pour la scène d’inondation. Le bar est une ancienne gare, l’équipe a fait un boulot formidable, l’épicerie aussi est un décor. En somme, toute la ville et les sous-décors furent construits pour la série. ».

Germinal, c’est « 2 millions d’euros par épisode » soit 12 millions d’euros pour les six épisodes. Un budget conséquent possible grâce à une collaboration entre la France et L’Italie, dont l’objectif est de rivaliser avec les productions étrangères, britanniques ou américaines : « C’est ce qu’essaie de créer Delphine Ernotte, une alliance avec les chaînes européennes pour financer ce genre de série. C’est le cas ici grâce à la Rai (Italie) et Salto. Le cumul des budgets qui ont été alloués pour la série fait partie de cette alliance. Et donc, nous avons plus d’argent pour des séries événementielles avec lesquelles on essaie, à notre échelle, d’être au niveau des anglais et des américains. ».

Un récit d’actualité mais modernisé

Plus haut, nous parlions de modernité. Quelques libertés ont été prises à l’écriture de la série Germinal pour coller davantage à notre actualité. Des changements qui apportent un regain à l’histoire, plus prenante et moins plombante que peut l’être parfois le roman : « Nous avons rajouté le personnage de Bressan (Thierry Godard), nous avons développé les trajectoires des femmes – un peu oubliées au passage, car elles avaient un rôle important à l’époque puisque ce sont elles qui géraient l’ensemble de tout le coron -. Puis, nous avons également ajouté deux trios amoureux forts ainsi que la scène du viol. À l’ère Mee Too, on voulait aborder, traiter ce sujet-là, le développer. ».

Cette nouvelle adaptation a de fortes ambitions esthétiques et visuelles. La photographie est semblable à ce qu’on peut voir notamment dans des séries comme Peaky Blinders, grisonnante, oppressante. Un moyen d’attirer le jeune public ? : « C’est plus simple que cela. Xavier Dolléans (photographie) et David (chef opérateur) ont fait un parallèle et considéraient que les villes des corons ressemblaient à celles du Far-West. La grande avenue centrale du coron était identique à celles que l’on peut voir dans les villages des westerns. Le lien avec Peaky Blinders, c’est effectivement des quartiers et des maisons collées les unes ou autres. Beaucoup de lignes de fuite aussi, et on voulait rendre hommage à ces habitants. »
Sur les corons, il y a par ailleurs eu beaucoup d’erreurs d’interprétations selon Alban Etienne : « L’action se déroule dans les années 1880 environ, et tout était neuf. On nous le reprochait. Il faut savoir que les corons venaient d’être créés à cette époque. Quand vous parlez avec les historiens, ils vous affirment que si les mineurs n’entretenaient pas leurs maisons, ils en étaient virés. C’était extrêmement propre un coron. […]. On était accompagné d’historiens sur le projet et le tournage et nous ne savions pas ce genre de détails. ».

Un casting de haut vol !

Parmi les révélations de Germinal, le jeune comédien Louis Peres qui incarne avec une justesse impressionnante le personnage d’Étienne Lantier. Peu connu du grand public, il impose par sa seule présence une volonté implacable, qui semble entraîner tous les autres comédiens avec lui. Un choix osé mais payant : « Louis Peres est un comédien avec lequel nous travaillons sur la série Mental. Nous lui avons fait passer des essais, et il a été extrêmement convaincant. C’est un super acteur. »

Parmi les têtes d’affiche, on retrouve : Guillaume de Tonquedec, Thierry Godard, Alix Poisson, Sami Bouajila ou encore Marilou Aussilloux. Un casting premium choisit avec soin : « Nous sommes très heureux de notre casting. Le cumul des talents qui se sont associés à Germinal, c’est une énorme chance. […] Ils nous ont rejoint pour plusieurs raisons : l’écriture déjà, grâce à Julien Lilti (scénariste) puis, il y a ensuite un gros travail de préparation, graphiquement (nous montrions des story-boards) et ensuite, les convaincre. On fait des rencontres avec les comédiens et on discute du projet. Ensuite, ça matche ou non. Certains n’ont pas passé de casting. On les choisit par rapport à notre sensibilité, par rapport à l’alchimie qu’il peut y avoir entre eux. On en parle aussi avec France Télévisions, avec la Raï et Salto. Ce sont des décisions collégiales. ».

L’intégralité de la mini-série Germinal est déjà disponible sur SALTO. Rendez-vous dans quelques semaines sur France Télévisions. Une série à ne pas manquer !

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