SYNDROME E : TOUR DU MONDE AUX CONFINS DE L’EFFROI

Adaptée du roman de Franck Thilliez, « Syndrome E » est la prochaine fiction inédite de TF1. Déjà disponible sur SALTO avant d’être diffusée sur la Une, « Syndrome E » nous plonge au cœur d’un complot mené sur plusieurs décennies et orchestré sur 3 continents par des figures de l’ombre insaisissables. Vincent Elbaz et Jennifer Decker campent respectivement les deux rôles cultes de Sharko et Henebelle.

Synopsis :
Franck Sharko et Lucie Henebelle enquêtent dans le monde glaçant, voire cauchemardesque, des manipulations mentales et neurosciences alors que cinq cadavres sont retrouvés atrocement mutilés.

Un polar qui fait froid dans le dos

Avec « Syndrome E », TF1 continue d’ambitionner des séries policières moins ronflantes que celles produites par d’autres chaînes télévisées. La chaîne prend le risque d’un virage moins populaire et insuffle une certaine audace avec ses nouvelles propositions telles que « Le Bazar de la Charité », « Visions » ou prochainement « Les Combattantes ». Plus cinématographique, les séries récentes de TF1 sont plus soignées, plus élaborées, que ce soit au niveau de la réalisation, de la photographie et des contrastes colorimétriques. En adaptant Franck Thilliez sur le petit écran, la première chaîne d’Europe réaffirme ses ambitions : construire un panel de séries fortes et originales. En témoigne le succès récent d’« HPI », petite bombe télévisuelle, fraîche et attachante.

Si vous êtes amateurs des univers sombres et effroyables de Maxime Chattam ou de Jean-Christophe Grangé, l’univers de Franck Thilliez ne vous déboussolera pas. Écrite par Matthieu Missoffe, la série conserve toutes les caractéristiques et l’atmosphère du roman : un univers froid, des rebondissements chocs, des séquences haletantes et terrifiantes mais aussi des personnages brisés que la vie ne semble pas avoir épargné. Néanmoins, la production a pris quelques libertés par rapport au roman, une idée brillante qui permet, à ceux qui auraient déjà lu le livre, de redécouvrir cette intrigue et les personnages portés à l’écran.
TF1 ose. Cerveaux arrachés, larmes de sang, images gores et perturbantes, expérimentations sur de jeunes enfants, violences accrue, la chaîne prend le pari d’une proposition sanglante à une heure de grande écoute, alors qu’un récent rapport soulignait l’avalanche de fictions policières à la télévision et la violence qui l’accompagnait. Mais le public les apprécie et c’est un énième pari réussi pour TF1, grâce à un effort commun et un casting de haute-volée.

L’intrigue nous emmène au cœur de de trois pays : La France, le Maroc et le Canada. Sharko, flic solitaire et en plein deuil, se lance alors corps et âme dans cette enquête pour retrouver des enfants disparus étrangement liés aux expériences d’une vieux film retrouvé sur une scène de crime et datant des années 60. De son côté, le lieutenant Lucie Henebelle, dont la cassette provoque en elle des comportements violents et incontrôlables, se joint à l’équipe pour comprendre si son passé peut être en lien avec ces disparitions.
Le scénariste Matthieu Missoffe et la réalisatrice Laure de Butler parviennent ici à mélanger les genres (thriller, horreur et fantastique) avec une grande habileté. La caméra, elle, lorgne entre ces différents aspects, toute en subtilité, sans jamais pousser au grandiloquent.

Il y a une authenticité à la fois dans l’écriture et dans la réalisation qui rend l’histoire crédible et les drames vécus par les personnages profondément sincères. « Syndrome E » ne cherche pas l’action et les courses-poursuites à l’américaine, la série cherche la vérité, à travers des dialogues forts, incisifs et une mise en scène puissante dans ce qu’elle veut nous raconter ou dénoncer. Miser sur les confrontations verbales, les confrontations personnelles, les conflits intérieurs, plutôt que sur les coups, c’est la force de cette adaptation. Chaque personnage est d’ailleurs filmé de façon à faire ressentir aux téléspectateurs la moindre douleur que subissent notamment les deux héros de la série : Sharko et Henebelle. Laure de Butler prolonge sa caméra dans les yeux de ses comédiens pour en capter chaque substance émotionnel. Une pureté bouleversante portée par un Vincent Elbaz émouvant et une Jennifer Decker touchante.

Vincent Elbaz et Jennifer Decker, magistraux !

Ce qui touche dans la série, ce sont les regards. La beauté des regards de Vincent Elbaz et la tristesse de ses intimes yeux gris-vert, qui passent par plusieurs étapes : le vide, la culpabilité, la détresse puis l’espoir. Sharko est rongé par le deuil. La série est aussi une longue quête de « rédemption » pour Sharko, d’un moyen de s’extirper de sa condition, de ses remords et de prendre le départ d’une nouvelle vie. Pour cela, il devra se confronter à la mort pour espérer une véritable renaissance. Le scénariste Matthieu Missoffe et la réalisatrice Laure de Butler composent ainsi une histoire personnelle poignante, où toutes les émotions de Sharko sont filmées par des gros plans sur son visage. Et c’est le jeu de Vincent Elbaz, qui transcende ensuite la caméra pour livrer une partition dramatique intense.

Puis, il y a la fragilité de Lucie Henebelle et, en même temps, cette détermination face à l’inconnu et le désir ardent de faire exploser la vérité. Un personnage tragique, mystérieux, au passé trouble, appuyé par l’interprétation magistrale de Jennifer Decker de la Comédie-Française qui lui apporte toutes ses nuances. Des couleurs autant chatoyantes par ses sourires, que déchirantes par la noirceur de ses angoisses et de ses peurs.

Conclusion

Série glauque à l’univers poisseux, à l’image des productions et adaptations policières produites par 13ème rue (« Marion »), « Syndrome E » s’impose comme un thriller ultra-efficace où la direction artistique et le casting 5 étoiles offrent à Franck Thilliez un bel hommage à la qualité de ses romans.

Syndrome E sera diffusée à la rentrée sur TF1. Actuellement en intégralité sur SALTO.

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