LES RANDONNEUSES (TF1) : ENTRETIEN AVEC LA COMÉDIENNE TIPHAINE DAVIOT : « Le rire, c’est fédérateur »

En diffusion depuis le 15 mai, la série « Les Randonneuses » est le nouveau rendez-vous à succès de TF1. La comédienne Tiphaine Daviot, qui campe le rôle de Morgan, revient sur cette aventure extraordinaire et son expérience sur le tournage rude mais exceptionnel d’une fiction admirablement dirigée par Frédéric Berthe et son équipe.

Qu’est ce qui vous a convaincue d’accepter le rôle de Morgan dans Les Randonneuses ?
Plusieurs choses dont le sujet, bien évidemment. J’ai eu des gens proches de moi qui ont été touchés par le cancer du sein, notamment. C’est un cancer très féminin et particulier donc, j’étais contente de pouvoir défendre ça et de parler de ces sujets-là en prime time. La série fait comprendre comment ça fonctionne, les dommages que cause la maladie (affectifs, émotionnels, professionnels…) mais également qu’on peut aussi s’en sortir, qu’il n’y a pas de fatalité. Il y a dans Les Randonneuses un côté solaire, très drôle.
Et puis, j’ai été attirée par le fait que nous soyons six protagonistes féminins. C’est presque du jamais vu et j’adorais cette idée. La cerise sur le gâteau, c’est la montagne. C’était super de partager ça dans des décors aussi incroyables.

Votre personnage est le seul qui n’est pas atteint d’un cancer ou est en rémission de cancer. Nous allons découvrir, à la fin, pourquoi vous vous êtes jointe au groupe. De quelle façon avez-vous abordé ce nouveau rôle ?
Il est vrai que Morgan est un peu la fraude dans le groupe (rire). J’aimais son parcours, je le trouve beau. Elle est porteuse de multiples secrets. C’était intéressant pour moi d’incarner ce personnage « satellite », observateur, témoin et à l’écoute des autres filles. Lorsqu’on fait une série chorale, nous ne savons jamais comment le groupe va se mouvoir. Il s’avère que ça s’est merveilleusement bien déroulé. La série est un monstre à six têtes. C’était chouette que chacune ait un épisode qui lui est consacré. Et ça m’a fait du bien de jouer quelqu’un qui parle peu. Ce qui n’est pas mon cas dans la vie. Morgan est la plus jeune du groupe et celle qui a l’avenir le plus certain, mais elle porte un gros bagage intérieur. Je m’en suis servi pour le jeu.

« Nous étions portées par ce projet avec l’envie de parler de ces sujets »

Comment vous avez soudé cette fratrie entre vous toutes ? À l’image, on ressent ce que vous disiez, une vraie camaraderie.
Encore aujourd’hui, nous sommes heureuses de nous retrouver. Je pense que l’attitude et l’alchimie étaient bonnes. Nous avons démarré le tournage par la séquence de fin, à 3000 mètres d’altitude. Il y a un long trajet pour y parvenir et nous en avions pour une heure et demie. Nous prenions un œuf (télécabine) et nous parlions pendant le trajet. C’est comme ça qu’on a appris à se connaître. Puis, Celle(s) qui n’avai(en)t pas le vertige rassurai(en)t celle(s) qui l’étai(en)t. De suite, il y a eu un truc de sororité entre nous. Nous avons aussi des personnalités très différentes et ça a matché. Nous étions portées par ce projet avec l’envie de parler de ces sujets.

Vous avez commencé le tournage par la fin. Est-ce que c’était difficile d’aller chercher l’émotion que demande cette fin, sans avoir vécu tout le reste du tournage ?

Oui c’était spécial. D’autant que cette fin est aussi liée à un autre personnage et c’est difficile de créer des liens qui n’existent pas encore. Néanmoins, comme les liens se sont faits rapidement entre nous – il y a eu un quelque chose de magique qui ne s’explique pas trop – ça s’est fait naturellement. Toutefois, ça fait partie de notre métier. La première fois, c’est perturbant. Ça arrive régulièrement sur les tournages. En tant que comédien, ce n’est pas ce que l’on préfère. Souvent, nous avons peur de ne pas être assez habités par le personnage. Donc, c’est comme un saut de la foi. Il faut se faire confiance. Mais ça amène d’autres choses. Pour ma part, je m’en sers comme une force. Je transforme ma peur en énergie positive pour créer une chose que je n’aurais peut-être pas eu à la fin en étant trop installée.

« Ce tournage a été une belle parenthèse »

Ce tournage, comment l’avez vous vécu ?
Les journées étaient intenses, longues. Cependant, les décors étaient si beaux, ça reste une chance incroyable. C’est plus agréable que de tourner dans des studios parisiens. Ça amène un vrai souffle. La nature nous pousse. Elle nous donne une énergie folle. L’environnement est vraiment un personnage à part entière, comme le disait Fanny Riedberger, la créatrice de la série. Dans l’immensité de la montagne, ce qu’elle représente symboliquement par rapport à ce que traversent les filles à ce moment-là, cette ascension, c’est comme un costume très présent. C’est une arène assez dingue, qui prend beaucoup de place notamment à l’image. Puis, le climat, le soleil, le froid, nous n’avons pas besoin de le surjouer.

[…] Pour la vie personnelle, c’est plus délicat car nous sommes restés trois mois sur place. Nous ne rentrions presque jamais sur Paris. Mais nous avons eu la possibilité de faire venir la famille. C’est vrai que c’est vertigineux, l’idée de s’isoler trois mois, même si à la fin, ça devient comme une colonie et on le vit ainsi avec toute l’équipe. Et quand c’est terminé, on est forcément hyper triste. Ce tournage a été une belle parenthèse.

Y a-t-il eu d’autres choses qui vous ont demandé le plus de difficultés sur le tournage ?

L’altitude. Nous avons monté jusqu’à 3600 mètres. Déjà, à 3200 mètres, on commence à avoir du mal à respirer. À part quelques maux de têtes, globalement, côté acteurs.rices, nous n’avons pas eu de souci. Certaines personnes de l’équipe, par contre, ont dû redescendre car elles avaient le mal de l’altitude. Moi, je suis asthmatique donc j’étais un peu angoissée. Il faut être détendue. Mais encore une fois, le paysage était si sublime et la récompense au bout du chemin, que ça motive. L’altitude, ce n’est pas anodin, même sur le corps. Je me rappelle que j’ai eu beaucoup de difficultés à dormir les premiers jours. Je me réveillais toutes les heures, quasi hyperactive. Ça a activé tellement mon sang, que le corps ne se rend pas compte qu’on est descendu d’altitude. Physiquement, c’est étonnant.

[…] Nous avons été entourés de professionnels. Mais il n’y avait rien de très dangereux. Nous avions également un guide pour nous aider sur les chemins plus ardus.

« Rire ensemble, c’est là où les mentalités bougent »

La série conjugue parfaitement humour et émotion. C’était la même chose sur le tournage ?
Nous nous sommes vraiment marrés. Et quand nous pleurions, nous pleurions réellement toutes les larmes de notre corps. Je pense d’ailleurs que nous avons toutes voulu venir sur cette série pour ça. C’est assez rare de pouvoir vivre autant d’émotions. La dramédie est un genre que j’adore – même si j’aime tout jouer – car c’est un genre généreux des deux côtés, intense à jouer, à ressentir et à voir nos camarades traverser ça. Nous pleurions les unes pour les autres, lorsqu’on voyait nos camarades jouer. Sur les moments d’émotions, nous nous tenions la main. Il y avait une vraie écoute, un vrai soutien. Puis, le rire. C’était agréable à ressentir toutes ensemble.

Fanny, la créatrice de la série, a réussi un nouveau tour de force après Toulouse Lautrec. Le rire, c’est fédérateur. Et faire passer des messages par le rire, c’est là où l’on débloque la mentalité des gens. Tout du moins, où tout le monde se détend. Rire ensemble, c’est là où les mentalités bougent.

« La joie est importante »

Pour vous, la force de la série réside dans cette intelligence où l’on passe entre humour et émotion avec finesse ?
Totalement. C’est ça qui m’a séduite lorsque j’ai lu le scénario. Ce n’est pas un sujet facile et c’est difficile de parler du cancer avec justesse. Et la manière la plus juste pour rendre hommage à toutes les personnes qui traversent ces maladies, c’est d’en parler mais d’une façon qui n’est pas pathos. Car le malheur, il est là. Ce qui est beau, c’est d’en sourire, de montrer que la vie est encore là, de montrer qu’il y a de l’espoir, que tout n’est pas fini. La joie est importante. La fiction sert à ça. L’idée c’est d’apprendre quelque chose en regardant la série, à la fois sur le cancer, d’une manière crue et brute mais ça fait du bien car plus c’est concret moins ça fait peur, plus c’est dit moins c’est terrorisant, et il faut savoir en rire. Les gens atteints de cancer ont beaucoup d’humour sur leur maladie. C’est important d’en parler ainsi. Parfois, en France, nous avons peur de ça. Bravo à TF1 d’oser.

Mon interview avec la créatrice de la série, Fanny Riedberger, est à retrouver ici.

Les Randonneuses, actuellement sur TF1.

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